BENOIT XVI RENCONTRE FIDEL CASTRO

Benoît XVI en route vers Cuba © Reuters

Aujourd’hui, troisième et dernier jour du voyage du pape à Cuba, aura lieu une rencontre avec Fidel Castro.

Le leader de la Révolution cubaine, 85 ans, a quitté le pouvoir il y a quatre ans, malade. Benoit XVI a déjà rencontré mardi Raul Castro, frère cadet de Fidel et chef de l’Etat. Cette après-midi, le pape célébrera la grand messe en extérieur, sur la place de la Révolution, au cœur de La Havane, où le « commandante »  déclamait habituellement de longs discours.

Le contenu qui sera évoqué cette après-midi lors de la rencontre sera des « requêtes d’ordre humanitaire » a déclaré le Vatican. Fidel Castro a annoncé rencontrer l’autorité pontificale « avec plaisir ».

Pendant son voyage, Benoit XVI s’est efforcé de lancer un appel au changement et à l’ouverture de Cuba, et réclame notamment de rendre le Vendredi Saint, jour de fête national. Jean-Paul II, en visite à Cuba en 1998 avait obtenu de rendre le jour de Noël férié. Il a appelé à « œuvrer pour la justice, à être au service de la charité et persévérer au milieu des épreuves ». Dans une prière adressée à Marie lundi, à Santiago de Cuba, il a fait référence aux prisonniers politiques, nombreux à Cuba, et appelé à respecter « les besoin de ceux qui souffrent, de ceux qui sont privés de liberté, ceux qui sont séparés de ceux qu’ils aiment. » Cependant, même si l’Église clame vouloir « être un acteur de la transition démocratique cubaine », le Pape se refuse à tout rôle politique, affirmant que l’Église n’est « ni un pouvoir politique, ni un parti mais un pouvoir morale. » Étant l’institution la plus influente sur le monde social à Cuba après le gouvernement Castro, elle souhaite prendre une place de premier plan dans l’acheminement progressif de l’île communiste vers un régime démocratique. En 1991, elle avant obtenu le rétablissement de la liberté religieuse, mais les deux parties s’opposent toujours sur l’accès aux médias ou l’enseignement.

Pourtant, la pratique religieuse des Cubains semble bien faible (5%) chez les catholiques, qui représentent 60% de la population. Face à la montée du protestantisme sur l’île, le Pape se veut présent sur le terrain et dans les esprits, rappelant les « profondes racines chrétiennes » de Cuba. L’île progresse lentement vers une transition économique mais « il n’y aura pas de réforme politique », assure Marino Murillo, un des vices-présidents du Conseil des Ministres. En effet, à Cuba, un seul parti est autorisé, le PC. L’opposition cubaine regrette qu’aucune rencontre avec le Pape ne leur ait été accordé. Lundi, lors de la messe célébrée par Benoit XVI, un jeune homme a surgi de la foule en criant « à bas le communisme, à bas la dictature ». Le trublion a été maitrisé et évacué du site. L’opposition affirme que 150 militants dissidents, notamment des Dames en blanc, ont été arrêtés ces derniers jours, pour prévenir d’éventuels « incidents ». L’Église semble demeurer sur une position neutre pour conserver un appui et prolonger le dialogue débuté en 2010. Elle souhaite profiter de cet avantage diplomatique pour garder un point d’appui et une présence à Cuba, afin de renforcer sa place dans la vie publique.

Jérémy Renard: