Dimanche 22 avril, les Français sont allés voter en masse. Le taux d’abstention a atteint 20,53 %, un chiffre qui se situe entre l’élection de 2002, qui connut un record d’abstention et le scrutin de 2007, lors duquel la participation fut élevée.
Selon les chiffres officiels et définitifs publiés lundi par le Ministère de l’Intérieur, le candidat PS François Hollande arrive en tête de ce premier tour 2012 avec 28,63% des voix, suivis de près par le président sortant UMP Nicolas Sarkozy avec 27,18% des votes. La grande surprise de ce scrutin est la percée du FN, dont la candidate, Marine Le Pen, atteint la troisième place avec 17,90%.
Une finale sans surprise
Le grand vainqueur de ce premier tour et actuel favori de cette élection selon les sondages, François Hollande, réalise un score particulièrement mémorable pour le PS, qui n’avait pas atteint un taux si favorable lors des derniers scrutins. Il réalise un record en obtenant 28,63% des voix, soit trois points de plus que François Mitterrand en 1981 et son ex-femme Ségolène Royal en 2007. Ainsi, la capitale passe à gauche en créditant le candidat PS de 34% des voix, soit deux points de plus que Nicolas Sarkozy. Il est sans surprise majoritaire dans les régions traditionnellement socialiste comme le Sud-Ouest et la Bretagne, mais réalise aussi une percée dans les régions du nord et du centre.
Le président candidat Nicolas Sarkozy arrive en seconde position de ce scrutin avec 27,18% des voix. Ainsi, il réalise un score qui correspond aux dernières prévisions des sondages qui lui allouaient entre 25 et 28% des voix. Il conserve ses voix dans l’est et le sud-est de la France mais perd ses soutiens dans le Centre. Il arrive premier dans seulement quatre régions: l’Alsace, Champagne-Ardenne, Paca et Corse, contre seize en 2007. Un sénateur UMP affirmait récemment à l’AFP que «Sur sa seule énergie, il a réussi une sacrée remontée mais ça ne suffira pas. Si Sarkozy ne vire pas en tête dimanche avec 4 ou 5 points d’avance sur Hollande, c’est cuit.» Ainsi, le président sortant perd une nette marge d’influence en France et est pour le moment considéré comme l’outsider du second tour des présidentielles qui se déroulera le 6 mai.
Scores etonnants pour le FN et le Front de Gauche
La candidate du Front National, Marine Le Pen, a quant à elle réalisé un score record lors de ce scrutin. Avec 17,90% des voix, elle arrache la troisième place de ce scrutin et obtient un résultat nettement supérieur au record de son père en 2002, qui avait atteint le second tour face à Jacques Chirac, lors d’une élection marquée par une abstention très élevée. Ce score est supérieur aux estimations des agences de sondage du vendredi 20 avril qui la créditaient de 14 à 17% des voix. Elle n’a pas encore précisé à qui elle donnerait ses voix, même si un accord avec le PS ou l’UMP semble bien compromis, la candidate se revendiquant autonome et affirmant que les voix de ses électeurs ne lui appartenaient pas.
Le quatrième homme de cette élection est Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche qui obtient seulement 11,11% des voix. Il réalise un score nettement inférieur à ce que prédisaient les agences de sondage, une moyenne de 13,6%. Il affirmait ces derniers jours que son objectif était de dépasser Marine Le Pen, avec qui il a eu quelques heurts lors de cette campagne, la traitant notamment de « semi-démente« . Visiblement déçu lors de l’annonce des résultats, Place Stalingrad dimanche soir où ses militants et son parti s’étaient réunis, il a affirmé avoir perdu son bras de fer avec la candidate du Front National. Il a encouragé ses partisans à voter « contre Nicolas Sarkozy » lors de ce second tour. Mais le score du Front de Gauche est un exploit pour le parti communiste autrefois mené par Marie-Georges Buffet, qui réalisait un score de 1,93% en 2007. Mélenchon, « révélation politique de l’année », (porté par le flow de Victoire Passage ?) qui a mené une campagne exemplaire et innovante, a permis au Front de Gauche de s’affirmer de nouveau sur la scène politique française. Il reste néanmoins confiant, assurant que d’ici dix ans, le Front de Gauche sera au pouvoir.
La deception de cette campagne : le MoDem
Le déçu de cette élection est François Bayrou, candidat du MoDem, qui ne réunit que 9,13% des voix en 2012. L’ex-troisième homme de 2007, qui avait réalisé un score de 18,58% des voix il y a cinq ans, semble régresser dans sa carrière et s’effacer progressivement du paysage politique. Il se rapproche ainsi de son score de 2002. Lors de cette campagne, il demeurait très courtisé, aussi bien à droite qu’à gauche, le premier lui faisant miroiter Matignon et le second le félicitant pour ses positions moralisatrices de la vie publique. Reste à savoir à qui il donnera ses voix, le candidat n’ayant pas encore fait d’annonce publique. Il semblerait que ses électeurs se diviseront en trois parties: certains votant UMP, d’autres PS et enfin les abstentionnistes pour ce second tour. Il donnera ses consignes le 3 mai à l’issue du débat entre Hollande et Sarkozy, bien que nombreux de ses soutiens ont déjà affirmé publiquement leur vote du second tour.
« Petits » candidats: 5 personnalites qui n’y croyaient pas vraiment
Europe Ecologie Les Verts (EELV) obtient un score très faible avec 2,31% des voix. La candidate Eva Joly, qui comptait battre le score de Noël Mamère en 2002 crédité de 5,25 des voix, a échoué dans cette campagne. Le parti, marqué par les clivages, semble au bord de l’implosion, étant donné qu’il n’a pas dépassé la barre des 5%, il ne pourra pas se rembourser les frais de campagne.
Le candidat « gaulliste », Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République réunit 1,79% des voix. Il réalise un score de 14,9% dans son fief de Yerres (Essone). Désormais, ses objectifs sont ailleurs. Dans sa lettre de remerciement aux adhérents, il annonce son projet de « transformer l’essai et nous mettre maintenant en ordre de bataille pour les élections législatives de juin. »
Philippe Poutou dépasse facilement le score usuel de son parti, le NPA, en réalisant un score de 1,15% des voix. Même l’enracinement local ne lui aura pas suffi. A Blanquefort, où il est employé de maintenance et délégué syndical, il obtient seulement 3,09% des voix. Le proche collaborateur d’Olivier Besancenot et membre fondateur du NPA ne se sera finalement pas révéler dans cette campagne qu’il a mené sans grande conviction. Il réitère sa demande de « dégager Sarkozy« .
Lutte Ouvrière, et sa candidate Nathalie Arthaud réalisent un score qui chute d’élections en élections. Cette année, ils obtiennent 0,56% des voix, un pourcentage plus bas que les résultats moindres d’Arlette Laguiller.
Enfin, Jacques Cheminade, du petit parti Solidarité et Progrès réunit 0,25% des voix. Le candidat, qui expliquait sur Europe 1 ne pas chercher « l’espoir d’un score » mais « l’espoir de créer un mouvement« . Le politicien déjà candidat en 1995 améliore quelque peu son nombre de voix.
Le premier tour de cette élection présidentielle 2012, voit accéder à la finale les deux favoris de cette campagne, François Hollande du PS et le président sortant, Nicolas Sarkozy de l’UMP. Si les « petits » candidats habituels ne réalisent que des scores faibles, le Front de Gauche, autrefois minoritaire, fait son entrée sur la scène politique française via cette campagne, qui a révélé une personnalité forte, Jean-Luc Mélenchon. Force est de constater qu’il a su rassembler bon nombre de fidèles, renouveler un parti tombé dans l’oubli et susciter un engouement dans le monde des médias, par son franc-parler et ses positions radicales. Le record du FN demeure toutefois inquiétant et officialise la radicalisation des Français. En revanche, Marine Le Pen affirme que ce n’est pas un vote de crise mais bien un vote d’adhésion.