Ukraine: Revivez la journée de jeudi

La journée de jeudi a encore été riche en rebondissements côté Ukraine.

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, avait pourtant annoncé hier qu’un accord avait été conclu mercredi à Paris pour poursuivre « d’intenses discussions » sur la crise en Ukraine, notamment entre les Etats-Unis et la Russie.

 

Mais alors qu’on ne parlait que de la réunion, décidée dans l’urgence lundi, qui devait se tenir en fin de matinée à Bruxelles, où le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk devait s’entretenir de la situation en Ukraine et de la réaction de L’UE avec Angela Merkel, François Hollande, David Cameron et les 25 autres dirigeants de l’UE, le parlement local de Crimée, a fait une annonce (pas vraiment) surprenante : L’administration,  dominé par des pro-russes, a demandé jeudi à Vladimir Poutine le rattachement de la république autonome à la Russie ainsi que l’organisation d’un référendum le 16 mars sur la péninsule ukrainienne pour le valider. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé que le président russe avait été informé de la demande du Parlement local de Crimée.

Si il était déjà prévu que les électeurs votent pour ou contre un renforcement de l’autonomie de la Crimée le 30 mars prochain, ils devront se présenter aux urnes deux semaines plus tôt et auront le choix entre un rattachement à la Fédération de Russie ou une autonomie (nettement) plus renforcée (que prévu).

Les différentes réactions :


La Crimée, république autonome pro-russe et russophone dans le sud de l’Ukraine, est une péninsule séparant la mer Noire de la mer d’Azov. Siège de la flotte russe en mer Noire, elle est en proie à des tensions séparatistes qui se sont accrues depuis la destitution fin février du président ukrainien Viktor Ianoukovitch.

 

La situation tendait d’ailleurs vers le « très inquiétant » vers 13h30, quand l’AFP rapportait que les forces russes avaient pris le contrôle partiel de deux bases de lancement de missiles en Crimée, bloquant dans l’une d’elles, le bâtiment abritant les missiles.

Images de la base Perevalne tournées jeudi 6 mars:

 

Compte tenu des derniers événements, la réunion de crise prévue en fin de matinée à Bruxelles entre les représentants ukrainiens et européens, a été décalée dans l’après-midi. Avant qu’elle débute, François Hollande, interpellé par les médias, a parlé de « maintenir une grosse pression sur la Russie » et n’a pas exclu « des sanctions à l’encontre de la nation soviétique ». Quelques minutes plus tard, son homologue David Cameron, s’est également adressé à la presse dans un discours similaire, suivi par d’autres chef d’état.

 

Mais pendant que les diplomates débattaient du sort de du pays à Bruxelles, à Simferopol devant le Parlement de Crimée, où s’étaient rassemblés des manifestants pro-russes, deux membres du groupe des Femen, qui elles, étaient venues manifester « contre la guerre de Poutine« , ont immédiatement été emmenées par les forces de l’ordre créant ainsi un immense buzz médiatique.

Les deux femmes du mouvement féministe des Femen ont été interpellées par la police jeudi dans la capitale de la région ukrainienne de Crimée, après avoir fait irruption, seins nus, dans un rassemblement devant le Parlement local en faveur du rattachement à la Russie.
Si la première a rapidement été stoppée, la seconde a eu le temps de courir sur l’esplanade en criant « Stop Putin‘s war! » (« Arrêtez la guerre de Poutine! »), avant d’être arrêtée, par les manifestants eux-même, puis remises aux les forces de l’ordre, a constaté l’AFP.

Parmi les slogans tels que : »Russie! Russie! », « Liberté pour la Crimée ! » ou encore « Référendum! », on a donc pu entendre la réaction de la foule, qui ne s’est pas faite attendre, scandant des « honte à toi! », « Prostituée! » ou encore « Regardez de quelle manière l’Occident nous provoque! ».

Vers 19h30, à l’issue du sommet européen extraordinaire autour de l’Ukraine , Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a tout d’abord rappelé l’engagement annoncé la veille par la Commission, de fournir une assistance massive d’au moins 11 milliards d’euros à l’Ukraine, qui est au bord de la faillite.

Il a ensuite souligné que la « priorité immédiate » était la « stabilité macro-économique »,aussi a-t-il a indiqué que l’UE allait « travailler immédiatement » pour « adopter des mesures » en matière commerciale afin de faire bénéficier l’Ukraine des avantages prévus par l’accord de libre échange lié à l’accord d’association.

Donc, en premier lieu, une réduction des tarifs douaniers pour permettre l’accès des produits ukrainiens au marché de l’UE. M. Barroso, président de la Commission européenne, a rappelé que cela pouvait rapporter des centaines de millions d’euros à l’Ukraine.

Angela Merkel a cependant estimé que les Européens « devaient en reparler, peut-être dans un groupe de contact ». « Nous voulons éviter des effets négatifs sur les exportations ukrainiennes vers la Russie. Nous devons être prudents sur ce point », a-t-elle précisé.

Le président du Conseil européen a également annoncé que l’Union européenne allait signer le volet politique de l’accord d’association avec Kiev avant les élections du 25 mai en Ukraine. « Nous nous tenons auprès de l’Ukraine, et nous renouvelons l’engagement européen à signer l’accord d’association », a déclaré M. Van Rompuy avant de préciser « Nous avons décidé en priorité que nous signerons très bientôt les volets politiques. Cela veut dire avant les élections en Ukraine le 25 mai ».

La chancelière allemande, Angela Merkel l’a d’ailleurs souligné, C’est un « signe politique » et en matière de coopération politique et politique étrangère et de sécurité « Cela va sceller l’association politique entre l’UE et l’Ukraine » a renchérit José Manuel Barroso

Concernant l’annonce de rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, que le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a qualifié d' »illégitime », ce dernier s’est exprimé devant les médias en fin de journée.

 

Les dirigeants européens ont, quant à eux, lancé jeudi soir, un ultimatum à la Russie, l’exhortant à négocier sans délai une sortie de crise en Ukraine sous peine d’être frappée par des sanctions de plus en plus dures.

Camille L: