Une grande manifestation pro-russe a eu lieu samedi à Donetsk, région principalement russophone (dont est originaire le président déchu Viktor Ianoukovitch) de l’est de l’Ukraine, pendant qu’en Crimée, au Sud du pays, l’atmosphère est de plus en plus pesante, là, où le parlement local a demandé un rattachement à la Russie.
Les partisans du détachement de Kiev avaient pris le contrôle durant trois jours de l’administration régionale et y avaient hissé le drapeau russe, avant d’être délogés par la police jeudi matin.
Les autorités ne tiennent pas à voir une telle situation se reproduire, ainsi afin de montrer l’exemple, la justice ukrainienne a ouvert une enquête sur pour atteinte à l’intégrité nationale, contre Pavel Goubarev, un homme d’affaires local, leader de l’opposition pro-russe, au même titre que les dirigeants de Crimée qui ont demandé le rattachement à Moscou. Ce dernier, arrêté jeudi, encourt jusqu’à dix ans de prison.
Serguiï Tarouta, nouveau gouverneur de Kiev, a réuni vendredi les représentants de la société civile, qui ont adopté un texte appelant à « une Ukraine indivisible ».
La situation est en revanche toujours aussi préoccupante en Crimée, où les observateurs militaires de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) n’ont toujours pas pu entrer dans la péninsule, bloqués à l’entrée par des hommes armés et cagoulés en treillis qui arboraient des drapeaux russes. Leur mission sur place est d’ouvrir une médiation afin d’apaiser les tensions.
Moscou, de son côté n’a pas changé de position, pour preuve et signe des lourdes tensions sur la péninsule ukrainienne occupée par les troupes russes, des militants ont pénétré vendredi soir sur le territoire d’une base des forces aériennes ukrainiennes à Sébastopol.
Face aux sanctions économiques et diplomatiques des Etats-Unis et de l’Union européenne, Moscou a menacé d’avoir recours à l’arme énergétique. Le géant russe Gazprom a, quant à lui, fait pression sur l’Ukraine, mettant le pays en garde contre une interruption de ses exportations de gaz si le nouveau pouvoir ne s’acquittait pas au plus vite de ses quelque deux milliards de dollars de dette.
Annonce qui bien évidemment, a été reçue comme un coup de matraque par les principales bourses européennes. (Paris a cédé 1,15%, Londres 1,12%, Francfort a subi la plus forte baisse, cédant 2,01%.)
Après avoir insisté sur « la nécessité pour la Russie de retirer les forces envoyées en Crimée depuis la fin février et de tout faire pour permettre le déploiement d’observateurs internationaux », la France et les Etats-Unis envisagent de prendre, « faute de progrès » , « de nouvelles mesures » visant la Russie, a annoncé samedi la présidence française à l’issue d’un entretien téléphonique des présidents François Hollande et Barack Obama. Nouvelles mesures, qui affecteraient sensiblement les relations entre la communauté internationale et la Russie, ce qui, a indiqué l’Elysée dans un communiqué » n’est dans l’intérêt de personne ».
A l’heure où le conflit russo-ukrainien se joue aussi dans les médias, puisque la Russie boycotte les programmes occidentaux (Les Oscars n’ont pas été retransmis en Russie, c’est une première historique) et se sert des médias comme outil de propagande (pour justifier l’invasion en Crimée) plusieurs chaînes nationales ukrainiennes ont déjà été coupées en Crimée. ATR, une chaîne généraliste tatare, continue pour l’heure son travail d’information mais craint elle aussi d’être coupée, rapporte un porte parole de la chaine à l’AFP.
Afin de marquer le coup, la délégation ukrainienne avait d’ailleurs décidé vendredi de faire défiler un homme seul, le skieur et biathlète Mykhailo Tkachenko, 37 ans. « C’était une décision de l’équipe. Nous en avons parlé, et il a dit qu’il voulait y aller », expliquait samedi matin Oleksandr Onischenko, traducteur de l’equipe, qui avait menacé de ne pas participer aux épreuves.
(Source AFP)