Dimanche des dizaines de tours humaines se sont élevées en Catalogne mais aussi dans plusieurs villes d’Europe : à Tower Bridge à Londres, à la Tour Eiffel à Paris, sur la Grande Place de Bruxelles ou encore sur Alexanderplatz à Berlin.
A Barcelone, le groupe « castells » ou « châteaux » du quartier où se trouve la basilique de la Sagrada Familia, un tour humaine de sept étages a pris forme devant le public qui retenait son souffle.
Déclarée patrimoine immatérielle de l’Unesco en 2010, cette tradition de deux siècles d’histoire est devenue la vitrine de la culture catalane et un instrument culturel servant d’appui à la revendication d’indépendance, portée par les nationalistes qui espèrent organiser le 9 novembre un référendum d’autodétermination.
« Autodétermination » signifie : action de décider par soi-même et en particulier, action par laquelle un peuple choisit librement son statut politique et économique.
Muriel Casals, présidente de Omnium, une association de défense de la culture catalane explique :
« Les ‘castells’ symbolisent le moment politique que nous vivons. Beaucoup de gens s’efforcent maintenant de lever des tours qui auparavant étaient impossibles à lever, comme l’était l’indépendance et qui à présent ne le sont plus ».
Cette association a réuni plus de 5 000 personnes de 71 groupes de « castells » qui dimanche ont levé au même moment ces tours à Barcelone, Paris, Berlin, Londres, Bruxelles, Lisbonne, Genève, Rome, Santiago du Chili et Montréal ainsi que dans une quarantaine de localités catalanes sous le slogan « Nous les Catalans, voulons voter, des tours humaines pour la démocratie ». Marga Tarrago, une fonctionnaire de 53 ans et membre du groupe des « castells » de la Sagrada Familia témoigne :
« Nous souhaitons très fortement pouvoir voter et nous voulons que l’Europe le sache ».
Samedi, des milliers d’espagnols manifestaient suite à l’abdication du roi Juan Carlos, ils souhaitent l’avènement de la république, ils aimeraient pouvoir voter pour celui qui sera à la tête de leur pays. Pour témoigner de leur envie il réclame un référendum sur l’avenir de la monarchie.
C’est pourquoi dimanche à midi pile, les participants aux tours humaines habillés de chemise verte et de pantalon blanc ont commencé à grimper, prenant position debout les uns sur les épaules des autres jusqu’à former une tour de sept étages couronnée par une petite fille, la tête protégée par un casque. Ils étaient encouragés et applaudis, autour d’eux des cris s’élevaient pour réclamer l’indépendance.
Devant le siège du gouvernement catalan à Barcelone, c’est l’association des « castells » de Minyons de Terrassa qui participait, son porte-parole Pere Tiana, raconte :
« C’était impressionnant. Nous sommes une société très active et encore une fois, nous l’avons démontré. Les castells et la culture catalane en général ont toujours eu un caractère très populaire. Ce n’est absolument pas élitiste, tout le monde peut y participer et c’est cela qui la rend si forte ».
Aujourd’hui, les tours humaines sont au sommet de leur popularité avec une centaine de groupe, 11 000 membres et des constructions spectaculaires pouvant atteindre dix étages. Elles participent à l’animation dans les fêtes populaires des villages de Catalogne, très différentes de celles du reste de l’Espagne.
En parallèle avec la volonté de plus en plus forte de prendre son indépendance, cette région de 7,5 millions d’habitants, la culture traditionnelle commence à jouer un rôle politique important. Comme l’explique Lluis Puig, directeur du département de la culture populaire du gouvernement catalan :
« Auparavant, les organisations culturelles étaient apolitiques. Mais aujourd’hui, en grande majorité, elles ont pris position pour le droit à décider ».
Le 11 septembre 20120, une grande chaîne humaine s’est lancée du nord au sud de la Catalogne pour revendiquer l’indépendance. De nombreuses associations culturelles ont rejoint les manifestants déployés sur 400 kilomètres. Maria Garcia, une retraitée catalane accompagnée de son mari qui agitait un grand drapeau indépendantiste parle de la Catalogne :
« Nous sommes différents, nous ne sommes ni meilleurs, ni pires mais différents. Le gouvernement espagnol n’a jamais voulu l’entendre. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous voulons partir ».
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