Les importateurs encaissent le coup des sanctions économiques russes et européennes

Face à la bataille de sanctions entre la Russie et l’Union Européenne, les entreprises n’ont d’autres choix que se réorganiser et les consommateurs doivent s’adapter. La Russie suit une ligne évidente : consommer 100% russe pour montrer qu’elle n’a pas besoin des autres pays pour vivre. Les habitants n’ont pas le choix, ils se plient au changement.

Effets des sanctions européennes sur la consommation russe :

L’embargo de la Russie concerne tout les produits agro-alimentaire, désormais ce pays n’envoie plus de nourriture en Europe. Mais quels sont les effets sur la population russe ?

Dans les supermarchés, les rayons laitiers sont blindés de produits, les yaourts sont empilés les uns au dessus des autres. À première vue, tout semble donc rouler pour les russes mais au contraire, dans les étagères sont disposés des produits périmés : 2 yaourts sur 3 affichent une date de péremption dépassée.

Les clients doivent donc veiller à bien acheter des produits laitiers sains en regardant de plus près les emballages. Le patron du magasin ne veut pas que les étagères soient vides alors il a demandé aux employés de se débrouiller pour les remplir comme en témoigne Kristina, responsable de rayon :

     « Notre manager nous a demandé de ne laisser aucune étagère vide. Mais nous ne recevons plus de yaourts européens ni américains alors on est obligés de tricher. Si un client achète un yaourt périmé, on le prévient à la caisse et il retourne en chercher un frais ».

Les russes ont donc dû s’adapter à un nouveau mode de consommation, ils ne mangent plus ni européen ni américain. Le fromage français ne ravit plus les papilles des habitants qui malgré une petite déception, ne se plaignent pas. Ils ont la sensation d’aider leur pays en consommant des produits bien de chez eux. Veronika, une consommatrice de 40 ans a constaté des changements dans son panier de courses mais n’en tient pas rigueur au gouvernement russe :

     « Je suis habituée maintenant et je suis contente d’acheter local car j’aide mon pays ».

Impact de l’embargo sur les entreprises européennes et russes :

Aux yeux de Pavel Chinsky, le directeur de commerce et d’industrie franco-russe :

     « Les sanctions révèlent surtout un état d’esprit : la Russie veut montrer qu’elle se suffit à elle-même, qu’elle n’a pas besoin de l’Europe. L’impact est maximal pour les entreprises étrangères qui n’ont pas localisé leur production en Russie ».

Les entreprises françaises subissent cette situation chaotique, le fromager Bongrain a dû s’adapter à l’interdiction tout comme Rougié qui vendait du foie gras aux russes. Il n’y a pas que les français qui encaissent les coups de colère des grandes puissances mondiales.

Le russe La Marée, implanté en Europe est lui-aussi victime de l’embargo. C’est le premier importateur de poissons et fruits de mer à destination des russes. L’entreprise s’est adaptée en se dirigeant vers les marchés asiatiques et sud-américains, le chef d’entreprise Azamat Youssoupov a réussi à encaisser l’interdiction grâce à ses autres clients.

     « Comme nous travaillons avec 25 pays, nous avons pu nous réorienter très rapidement pour combler le manque créé par l’embargo. Mais nous observons une hausse des prix indéniable car la réorientation du marché demande une nouvelle logistique et des coûts de transports plus élevés ».

Avant le blocage, 10 tonnes d’huîtres françaises étaient envoyés chaque semaine en Russie. Désormais c’est l’Extrême-Orient russe qui fait commerce d’huîtres venant de Vladivostok et Sakhaline. La Norvège qui vendait du crabe de Kamtchatka a perdu ce marché au bénéfice des producteurs russes locaux.

Même si la Russie s’adapte et continue à manger de tout, l’impact se fait ressentir sur les prix de la nourriture qui grimpent notamment à cause de la faiblesse du rouble face au dollar d’après M. Youssoupov. Mais dans un an quand l’embargo prendra fin, la situation russe pourrait s’être nettement améliorée.

     « À la fin de l’embargo, tous nos anciens producteurs seront de retour sur le marché, tandis que la production russe aura gagné en qualité. Cela va mener à une concurrence saine, à un choix plus large pour le consommateur ».

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Mathilde F.: