Le 3 septembre, la France, sous la pression de la communauté internationale bloquait la livraison des navires de guerre Mistral aux russes « jusqu’en novembre ». Le gouvernement justifiait cette décision en expliquant qu’aucun accord ne serait possible tant que l’Ukraine reste en guerre. Si la vente ne devait pas se conclure, 1 000 personnes se retrouveraient au chômage et 2 milliards d’euros seraient perdus par l’entreprise. À cela s’ajoute les problèmes logistiques, les français ont largement collaboré avec les russes pour construire ces deux porte-hélicoptères, les systèmes de reconnaissance, les armements et logiciels doivent être installés par la Russie et tous les éléments de langages inscrits sur les navires sont en russe. D’après Jean-Pierre Thomas, PDG de l’entreprise Thomas Vendôme Investment et ex-représentant de l’Élysée pour les relations économiques avec la Russie :
« Si la France ne livre pas les Mistral à la Russie, elle ne pourra les vendre à personne car toutes les inscriptions à l’intérieur des navires sont faites en russes ».
En juillet, des élus du parti d’Angela Merkel proposaient que la France vendent ces navires militaires à l’OTAN. Le 29 juillet 2014, le vice-président de la commission de Défense allemande, Karl Lamers appelait « à examiner dans quelle mesure un achat des Mistral par l’Otan ou l’UE était possible ». Les pays membres de l’Union Européenne ont conclu un accord interdisant la vente de matériel de défense à la Russie exception faite pour les contrats en cours, la société française DCNS a donc le droit de négocier ses navires avec les russes. Les premiers à conseiller cette option étaient les États-Unis qui ont largement contribué à ce que la France suspende la transaction des Mistral.
L’échéance est là et tandis que les russes réclament des réponses rapides, 8 congressistes américains ont fait part d’un message à Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN qui invitait l’organisation à acheter les navires mais l’Alliance a récemment rejeté cette proposition expliquant qu’il ne souhaitait pas acquérir ce type de matériel n’y trouvant aucun intérêt.
Pour l’instant la société DCNS ne dispose pas de l’autorisation gouvernementale pour vendre les Mistral. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, interrogé par les députés français, déclarait « qu’aucune date de livraison ne peut être fixée à ce stade ». L’État devra pourtant se décider rapidement parce que la Russie commence à s’impatienter exigeant la livraison du premier bateau à la fin novembre. Si cette échéance devait ne pas être honoré par la France, les russes réclameraient des compensations financières.
Le président de la République se retrouve dans une position délicate, coincé entre deux grandes puissances qui font pression de chaque côté pour obtenir ce qu’elles désirent. L’Union européenne s’est retrouvé bloquée au milieu dès le départ du conflit ukrainien en déclarant le Coup d’état de décembre 2013 légitime. L’escalade de violence qui s’est ensuite déclenchée dans le pays a perturbé les plans de l’Union. Peut-être devrait-elle revoir sa position pro-américaine et prendre une posture plus neutre dans le conflit américano-russe et cette guerre froide qui semble avoir repris à l’image de l’invasion russe en Ukraine et des déclarations anti-russe qui se multiplient aux États-Unis qui réclame un renforcement de l’OTAN qui a déjà, d’après le journal Ria Novosti multiplié par 5 son activité militaire en Europe, les russes n’apprécient guère ses mouvements qu’ils jugent « hostiles ».
La réputation de la France est en jeu dans cette affaire délicate et la situation économique française tendue suite à l’embargo russe ne permet pas de perdre autant d’argent. Le gouvernement se verrait obligé de récupérer la somme manquante auprès des habitants qui sont sous la pression des mesures d’austérité qui s’enchaînent en même temps que les changements de gouvernements.
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