La ligue des droits de l’homme a publié un communiqué ce vendredi dans lequel elle réclame une prise de position de l’État français concernant le massacre de Tiaroye (près de Dakar) qui s’est déroulé il y a 70 ans au Sénégal. À l’époque, des tirailleurs africains ont combattu pour la France puis ont été démobilisés sans recevoir de solde en paiement, le gouvernement français les qualifiant de « mutins ».
« La ligue des droits de l’homme demande à la France de reconnaître les faits et d’assumer ses responsabilités ».
Les soldats africains ont été appelés à combattre pour la France en 1940, certains étaient prisonniers sur le sol français pendant la seconde guerre mondiale. Le 1er décembre 1944, ils ont subit une forte répression causant des dizaines de morts et 34 d’entre eux furent condamnés. En 2004, les masques tombent sous la présidence de Jacques Chirac lorsque l’ambassadeur français Pierre-André Wiltzer reconnaît publiquement l’implication française. Le 12 octobre 2012, le président François Hollande prononçait un discours à Dakar dans lequel il admettait la « répression sanglante » subit par les sénégalais.
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De récentes études menées par des historiens permettent une meilleur connaissance de cette sombre histoire :
« Les recherches récentes des historiens, notamment celles de l’universitaire Armelle Mabon, de l’université de Bretagne-Sud-Lorient et d’un chercheur auteur d’une thèse à l’École des hautes études en sciences sociales, Martin Mourre, conduisent à une meilleure connaissance des faits et amènent la Ligue des droits de l’Homme à demander aux autorités françaises de reconnaître clairement les injustices commises ».
Le 5 novembre 1944, plus d’un millier d’africains montaient à bord du « Circassia » à Morlaix. À leur arrivée à Dakar le 21 novembre, ils ont été privés des trois quart de leur salaire ! Le 28 novembre, ils ont réclamé l’argent dû, c’est à ce moment-là que le gouvernement français de 1944 a décrété que les sénégalais étaient en « état de rébellion », l’armée les a attaqué et tué. Le but de l’État étant de ne pas avoir à accueillir les africains en France même après qu’ils se soit battus contre les nazis au côté du peuple français.
« Pour cela, selon le mot du général commandant les troupes coloniales à Dakar, un « coup de bistouri » douloureux était nécessaire. Comme lors des massacres de Sétif et Guelma en Algérie, quelques mois plus tard, il s’agissait d’ôter à ces colonisés toute idée d’émancipation. Soixante-dix ans après, la LDH estime que la France s’honorerait à reconnaître clairement les faits. »
À Dakar, se déroulera le Sommet de la Francophonie le 29 et 30 novembre où 35 chefs de gouvernement sont attendus. Pour l’occasion, la LDH demande aux autorités françaises de rendre publique les noms des tirailleurs du 5 novembre 1944 présent dans le « Circassia » ainsi que ceux blessés ou morts pendant la répression, de reconnaître la spoliation subit par les sénégalais, d’exprimer les regrets officiels des autorités françaises concernant la répression injuste dont les africains ont été victime le 1er décembre 1944, de s’engager à verser aux descendants les salaires dus aux tirailleurs et de transmettre à la cour de cassation une demande d’annulation des condamnations prononcés en février 1944 contre les rares sénégalais encore vivants après le massacre.
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Source : LDH
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