À l’heure où le monde est en mode « écolo », il semblerait que les allemands ne souhaitent pas suivre le mouvement en ce qui concerne l’exploitation du gaz de schiste pourtant tant contesté par une multitude d’associations écologiques. Le gouvernement allemand vient de présenter une proposition de loi qui autorise la facturation hydraulique, une technique qui consiste à mélanger de l’eau avec des produits chimiques puis à l’injecter dans le sol à haute pression pour exploiter les gisements de gaz naturel.
Les organisations environnementales ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles jugeaient cette proposition fragmentaire et dangereuse. Pour rassurer les allemands, le gouvernement s’applique à dire que les règles sont assez strictes pour éviter des dégâts importants sur l’environnement, à l’image de la ministre de l’Environnement Barbara Hendricks qui déclare :
« Avec cette proposition, nous appliquerions les règles les plus strictes de l’histoire de l’industrie et de la facturation ».
Elle ajoute que la facturation hydraulique sera employée dans des conditions strictes pour garantir la protection de l’environnement et de l’eau potable. Des essais seront en cours jusqu’en 2019, date à laquelle l’extraction sera autorisée.
Les défenseurs de l’environnement sont déçus de l’arrivée de cette nouvelle loi allemande. Sascha Müller-Kraenner, le directeur général de l’organisation de protection de l’environnement appelé Deutshe Umwelthilfe, ne comprend pas cette décision du gouvernement allemand :
« La fracture hydraulique dans les réservoirs comme les bancs de houille ou de gaz de schiste est liée à des risques très importants pour la nappe aquifère et pour la stabilité des sous-sols. Il est incompréhensible de l’autoriser ».
Il prévient que les risques prévisibles sont bien plus important que les bénéfices que pourrait rapporter la fracturation hydraulique pour l’industrie de l’énergie.
« Au lieu de soutenir l’extraction et la recherche liée aux énergies fossiles en Allemagne, le gouvernement devrait se concentrer sur l’application de l’Energiewende (transition énergétique) ».
La commission de six spécialistes nommée par le gouvernement ne serait ni indépendante ni légitime démocratiquement parlant. D’après l’organisation de Mr Müller-Kraenner, cette commission n’est pas neutre et la moitié de ces membres soutiennent déjà l’utilisation de la fracturation hydraulique. Un autre point de la loi pose problème, l’exploitation du grès est elle-aussi encouragée. Cornelia Nicklas, membre de la Deutsche Umwelthilfe souligne l’inexpérience de l’Allemagne dans ce domaine :
« Nous sommes loin d’en savoir assez sur les conséquences pour l’environnement. C’est pourquoi il faut des règles plus strictes et concrètes en ce qui concerne l’exploitation du grès ».
Elle explique que certaines mesures qui ne sont pas présentes dans le texte de loi devraient être mises en places comme l’interdiction de la pratique de la fracturation hydraulique dans dans les zones d’approvisionnement en eaux qu’elles soient publiques ou privées ou encore la définition de critères précis pour la gestion des réservoirs d’eau et aux fluides utilisés pour le processus.
Un danger pour la qualité de l’eau potable ?
80% de l’eau potable allemande est fournie par l’association des installations municipales. Cette dernière a approuvé le projet du gouvernement allemand même si elle demande la plus grande vigilance pour protéger l’eau. Michael Beckereit membre de l’équipe ne veut pas d’échappatoire en ce qui concerne l’exploitation :
« Il faut une loi protégeant l’eau potable, notre ressource la plus importante. Une loi sans ‘mais’, sans ‘ou’, sans ‘si' ».
D’après l’organisation, les fracturations ne devraient pas être acceptées près des installations liées à l’eau potable pour garantir une eau saine. Et pourtant les effets négatifs de cette technique d’exploitation du gaz de schiste sont ressenties par ceux qui les utilisent déjà. Au Canada, le 22 janvier, un tremblement de terre de magnitude 4,4 s’est produit dans la région de Fox Creek. D’après l’Agence de réglementation de l’énergie de l’Alberta (AER) ce séisme a très bien pu être provoqué par les fracturations hydrauliques. L’Allemagne a donc pris une décision importante pour son avenir au moment où la protection du climat est devenue une responsabilité mondiale.
L’exploitation du gaz de schiste est jusqu’à présent interdite en France mais les anti-gaz de schiste dénoncent un amendement présent dans le projet de loi sur la transition énergétique qui autoriserait la recherche de cette énergie. Les sénateurs doivent étudiés cet amendement cette semaine et les organismes de protection invitent les défenseurs de l’environnement à écrire aux sénateurs pour qu’ils rejettent cette mesure controversée.
Source : Euractiv.fr/ Crédit photo : Créative commons
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