Drame de Dropped : Vu sur Florence Arthaud, la petite fiancée de l’Atlantique

Ce n’est pas seulement un choc sportif qui a eu lieu à Dropped en Argentine, c’est une perte énorme pour trop de famille qui voit partir leur proches soudainement sans comprendre. Parmi les disparus, une personnalité hors du commun a emporté avec elle son art. Florence Arthaud était navigatrice mais aussi écrivaine, la sortie de son dernier livre était prévue pour fin mars.

Florence Arthaud est née le 28 octobre 1957 à Boulogne-Billancourt, très jeune elle commence à naviguer avec son frère Jean-Marie et père Jacques Arthaud, le directeur de la maison d’édition grenobloise Arthaud. Envouté par la mer, elle s’inscrit au club de voile d’Antibes mais en 1974, elle est victime d’un grave accident de voiture. D’abord tombée dans le coma puis victime d’une paralysie elle passe six mois à l’hôpital avant de retrouver sa famille. Un an plus tard, âgé de 18 ans, elle n’est pas encore à 100% qu’elle entreprend déjà sa première traversée en compagnie de Jean-Claude Parisis.

Elle participe ensuite à la toute première édition de la Route du Rhum en 1978 où elle finit onzième et gagne le surnom de « petite fiancée de l’Atlantique ». En 1986, alors que la course est lancée, elle dévie de sa trajectoire pour porter secours à Loïc Caradec, elle retrouvera son voilier « Royale » sans trace de lui. Florence Arthaud voit grand, ses talents de navigatrices se révèlent au monde en 1990 lorsqu’elle bat de le record de la traversée de l’Atlantique nord à la voile, elle améliore alors le record de deux jours soit 9 jours 21 heures et 42 minutes. La même année, elle gagne la Route du Rhum après 14 jours 10 heures et 10 minutes de navigation.

En 1993, elle donne naissance à une petite fille, Marie née de sa liaison avec Loïc Lingois, un navigateur professionnel. Quatre ans plus tard, elle remporte la Transpacifique avec Bruno Peyron, son coéquipier. Elle stoppe sa carrière en 2010 alors que sa recherche de sponsors pour naviguer avec un nouveau trimaran est un échec :

     « J’étais un peu dégouté. Ils avaient rouvert la course aux grands voiliers. C’était le 20ème anniversaire de ma victoire et j’avais l’intention d’y participer sur un immense trimaran Oman (30m). Mais je n’ai pas réussi à avoir ce bateau, il ont préféré le donner à un homme (Sidney Gavignet qui a abandonné sur avarie). Ça m’a définitivement dégoutée et je me suis dit « bon j’arrête »!

En plus d’être une navigatrice exceptionnelle, elle était aussi une artiste !

Florence Arthaud aime la musique et les livres, en 1989, elle poussera la chansonnette avec Pierre Bachelet sur l’album « Quelque part…C’est toujours ailleurs » dans trois chanson à caractère autobiographique (typhon, Flo et Quelques part…c’est toujours ailleurs). Elle s’est révélée un peu plus tôt en tant qu’écrivaine, en 1982 quand son premier livre paraît dans la maison d’édition Arthaud, titré « Fiancée de l’Atlantique ». Elle publiera deux autres livres avant sa mort « Océane » en 2008 et « Vent de Liberté » en 2009, un livre autobiographique. Le destin ne lui aura pas permis de connaître le succès de trois de ses livres qui sont écrits mais pas encore en vente. Fin mars, l’un d’eux devrait sortir, il se nomme « Cette nuit, la mère est noire » puis un second le 2 avril « Rencontres avec la mer » et enfin le troisième dont la sortie est programmée en juin « Petit hérisson rêve de la mer », un livre pour enfant qui raconte l’histoire d’un hérisson qui outré de voir les hommes jeter des déchets dans la mer décide de lutter et sauver l’espace maritime.

Le 29 octobre 2011, elle frôle la mort une nouvelle fois, se voyant à jamais sombrer dans les profondeurs. Elle tombe de son bateau au large du Cap Corse, elle n’a aucun moyen de remonter et à bord et se trouve en pleine mer, alors que tout espoir semble perdu elle a la présence d’esprit d’utiliser son portable étanche elle contacte sa famille qui envoi les secours. Il la repère en géolocalisant son téléphone deux heures plus tard, encore consciente mais dans un état d’hypothermie extrême. Ci-dessous, voici un extrait tiré de son dernier livre « Cette nuit, la mère est noire » publié par le Figaro où elle décrit ce qu’elle a ressentie :

     « J’ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l’eau. Il fait nuit noire. Je suis seule. Je tourne la têt en tous sens, instinctivement. Je vois mon bateau qui s éloigne. Je cherche un repère. Une lueur. Un objet. Un signe de vie. Rien. Je suis absolument seule. Isolée dans l’immense masse sombre et mouvante de la mer. Dans quelques instants, la mer, ma raison de vivre, va devenir mon tombeau. Effacer toute trace de mon existence. M’engloutir. »

l’Article a été lu [post_view time= »day »] fois aujourd’hui et lu [post_view] fois au total.

Mathilde F.: