Cataracte : des gouttes prometteuses comme alternative plus légère à la chirurgie ?

Qu’est-ce que la cataracte pour les néophytes n’étant pas des ophtalmologistes en herbe ? La cataracte est l’opacification partielle ou totale du cristallin, lentille convergente située à l’intérieur de chacun de nos deux yeux. Cette opacification est responsable d’une baisse progressive de la vue, au début accompagnée de gêne à la lumière (photophobie). Cette baisse de la vision peut être rapide (quelques semaines) si elle découle d’un traumatisme (cataracte traumatique) ! Il y a en effet plusieurs types de cataractes, aussi invalidantes le unes que les autres, mais dont les proies sont en grande majorité les personnes âgées (cataracte sénile), avec une courbe de risques ascendante, plus elles vieillissent ! En effet, on estime que la cataracte atteint plus d’une personne sur cinq à partir de 65 ans, plus d’une sur trois à partir de 75 ans et près de deux sur trois à partir de 85 ans !

La chirurgie a prouvé son efficacité réparatrice ou plutôt de substitution de nos jours, depuis son invention au XVIème, imputée à l’un des médecins les plus illustres de la Renaissance : Pierre Franco (1505-1578) ! La méthode opératoire pour résorber la cataracte a depuis bien évolué, nécessitant toujours une précision et une dextérité extrêmes des chirurgiens, mais s’effectuant aujourd’hui sous anesthésie locale et même sans hospitalisation ! Les complications sont mineures ! L’opération consiste à enlever le cristallin opaque (que l’on pourrait qualifier d’originel) et le remplacer par un cristallin artificiel (implant intra-oculaire). La plupart des opérations (ce sont les plus courantes en France : 600 000 recensées par an !) sont couronnées de succès mais il y a toujours une crainte démesurée chez le patient car la vue est un sens précieux, et beaucoup craignent de ressortir, de leur prise en charge le plus souvent ambulatoire, complètement aveugles !

La cataracte est un fléau universel qui affecte en priorité les populations privés de soins des pays en voie de développement et surtout et partout les personnes âgées (voir plus haut) : pour cette deuxième raison, incluant une espérance de vie accrue associée à des séniors de plus en plus nombreux, les opérations vont sans doute doubler d’ici 20 ans ! Selon la revue Nature, relayant une étude menée dans l’université chinoise du Sichuan, quelques gouttes d’un nouveau collyre, médicament liquide qu’on applique sur la conjonctive de l’oeil, à base de lanostérol, épargneraient au patient tous les désagréments occasionnées par une opération ! Notons cependant, que les premières expérimentations réussies l’ont été, tout d’abord in vitro, puis sur des chiens in vivo : le cristallin des animaux a gagné en transparence, son opacité se délitant, au fil des semaines (le premier bilan prometteur a été dressé au bout de 6 semaines) et des applications du collyre savamment jaugées ! Le lanostérol est une molécule présente dans tous les yeux sains !

A quand des premiers essais cliniques sur l’homme ? Peut-on imaginer que ce collyre avec sa substance endogène (lanostérol) se substitue, à l’avenir, aux opérations qui sont toujours pour l’instant privilégiées, faute de traitements concurrentiels et ad hoc ? Ce serait une révolution scientifique avec la prévention privilégiée en premier lieu, pouvant s’avérer synonyme d’amélioration avant toute opération préalable ou suivant la posologie d’administration du collyre et son efficacité clinique dispenser le patient potentiel de toute opération alors inutile ! Les probabilités jouent en faveur du collyre à base de lanostérol : il s’est montré capable d’endiguer l’opacification souvent croissante du cristallin, chez les chiens, en réduisant les agrégats des protéines ! La cataracte, attaquée au goute à goute, arme loin d’être dérisoire cependant, pourrait sortir indéniablement perdante, souhaitons-le, de ce combat débutant où le lanostérol (David) pourrait l’emporter sur elle (Goliath) !

Eric F.: