Depuis 2014, près de 400 000 personnes ont tentés de rejoindre le continent européen afin de fuir les affrontements meurtriers qui sévissent dans leurs pays. Venus de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak notamment, ce sont des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont pris tous les risques pour fuir la guerre.
L’Europe, face à cette crise des déplacés dont l’ampleur dépasse celle de la 2éme Guerre Mondiale, peine à trouver des solutions efficaces et unanimes pour gérer l’abondance des demandes d’asiles dans la dignité et le respect des personnes.
Parmi ses membres, la Hongrie fait l’écho d’une politique anti-migrant très controversée et largement pointée du doigt en Europe.
Face à la construction du mur, le ton monte
Le gouvernement de Viktor Orbán, premier ministre hongrois, a achevé dimanche la construction d’un mur barbelé le long de sa frontière qui la sépare de la Serbie, point de passage des migrants venus du Proche et Moyen Orient.
Carte Europe / Wikimedia CommonsLong de 175km, composé de deux tranchées de barbelés, l’une à 1m50 de hauteur, l’autre à 3m, il sera bientôt renforcé par une palissade de 4m de haut.
Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, invité d’Europe 1 ce dimanche a vivement critiqué la construction d’une telle barrière en Europe. « La Hongrie fait partie de l’Europe, l’Europe a des valeurs, et on ne respecte pas ces valeurs en posant des grillages qu’on ne poserait pas pour des animaux » a-t-il déclaré, ajoutant également qu’il faudrait le démanteler.
Son homologue hongrois Peter Szijjarto, dans des propos rapportés par le Figaro, a quant à lui déclaré «Il apparaît que certaines personnes en Europe sont toujours incapables de comprendre quelle pression stupéfiante et dramatique subit la Hongrie du fait de la migration via les Balkans de l’Ouest».
Face à l’afflux de migrants, la gare de Budapest évacuée
Depuis janvier, la Hongrie a fait face à 140 000 nouvelles entrées. Le gouvernement hongrois souhaite déployer 2100 policiers supplémentaires avant de recourir, peut être, à l’armée pour gérer ce flot continu de migrants.
La gare de Budapest, dépassée par le nombre de migrants tentant de monter à bord d’un train pour quitter le pays a du être évacuée et le trafic suspendu ce mardi matin.
Les autorités hongroises, qui jusqu’à lundi ne permettait pas aux migrants sans visa de quitter le territoire ont finalement décidé de les laisser partir. Hier, c’est près de 3650 personnes qui ont pu quitter Budapest pour Vienne, puis l’Allemagne, destination finale pour la plupart d’entre eux.
« Une crise de solidarité, pas une crise de chiffres »
Alors que la plupart des gouvernements européens se relancent la balle et les responsabilités, freinant toute possibilité d’une conciliation européenne, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a tenu a rappeler les enjeux humains qui doivent prédominer face à cette crise.
En visite à Paris le 26 août, il a déclaré « Il y a aujourd’hui plus de personnes déplacées qu’il n’y en a jamais eu depuis la seconde guerre mondiale. En Syrie et ailleurs, des millions de gens fuient la violence et la persécution quand d’autres tentent d’échapper à la pauvreté et cherchent des moyens de vivre dans la dignité ».
Il a également exhorté les gouvernements en Europe et ailleurs « à faire preuve de compassion et à en faire beaucoup plus pour venir à bout de cette crise. Par notre intervention, nous devons sauver des vies. »
Une réunion extraordinaire des dirigeants européens aura lieu le 14 septembre à Bruxelles, les ministres européens ayant souligné «la nécessité de prendre des mesures immédiates pour faire face au défi constitué par ces flux migratoires».
D’ici là, ce sont plusieurs milliers de personnes qui tenteront d’accéder si ce n’est à l’eldorado, du moins à la paix.