Pour une prise en charge plus rapide : une coopération bien vue et bienvenue entre ophtalmologistes et orthoptistes !

La restructuration de la filière visuelle est en cours en France. Nul besoin d’avoir une acuité de lynx pour comprendre que décrocher un rendez-vous chez l’ophtalmologiste relève du parcours du combattant. Pour écourter les délais d’attente souvent très (trop diront les patients) longs pour obtenir un sésame pour une évaluation des yeux, capital santé des plus précieux, chez les ophtalmologistes. Dominique Voynet, vient de rendre public hier un rapport, dans le contexte de l’examen du projet de loi Santé par le Sénat à partir du 14 septembre, concernant une annonce phare, à savoir l’autorisation souhaitée de permettre aux opticiens et orthoptistes de pratiquer certains actes, pour délester les salles d’attentes bondées des ophtalmologistes et épargner à leurs agendas débordés la noyade. Il convient de souligner qu’en 30 ans, les nécessités de consulter pour des soins oculaires ont été multipliés par trois en France. La demande est ainsi passée de 11,5 millions d’actes en 1980 à 32 millions d’actes en 2010 ! Ces chiffres grossiront du fait notamment d’une population vieillissante avec des problèmes visuels liés spécifiquement aux personnes âgées tels que le glaucome ou la DMLA. Face à ces enjeux, l’IGAS a réfléchi pour ensuite agir.

Dominique Voynet est désormais inspectrice générale des affaires sociales, chargée par le ministère de la Santé d’une mission délicate : la réduction des délais d’attente en ophtalmologie. Son rapport est des plus ambitieux : réduire de moitié ces délais envers lesquels tous pestent, à la fois la patientèle et le praticien. Ainsi, les orthoptistes en exercice pourraient avoir le droit de réaliser des bilans visuels ou encore prescrire du matériel de rééducation. Le SNOF ou Syndicat national des ophtalmologistes de France est dans l’ensemble satisfait de ce rapport de l’IGAS. Piqûre de rappel : l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) a été créée en 1967 pour contrôler et évaluer la mise en œuvre des politiques publiques. Pour en revenir à l’accueil chaleureux des professionnels de la vue ayant le statut de médecin, voici l’impression première de Thierry Bour, Président du SNOF : « Le rapport Voynet va dans le bons sens, avec une volonté de développer les coopérations entre ophtalmologistes et orthoptistes pour faciliter l’accès des patients aux soins visuels ».

Cependant deux écueils majeurs se posent : l’un à l’heure actuelle (le délai d’attente pour espérer avoir un rendez-vous oscille entre 60 et 111 jours mais les disparités sont énormes entre les différents territoires composant le puzzle hexagonal avec des pics d’affluence en Picardie et en Franche-Comté notamment où l’on peut attendre jusqu’à un an) et le second dans un futur plutôt sombre et pas si lointain (75% des 5 800 ophtalmologistes en activité en France ont plus de 50 ans et ils seront moins de 4 000 d’ici 2025, la relève n’étant nullement assurée avec une pénurie de jeunes internes séduits par cette spécialité qui devraient être 240 chaque année -ils sont moitié moins- pour pallier aux départs en retraite des praticiens). Le tableau tel que dépeint ainsi ne rassure personne, Marisol Touraine, en premier lieu, qui a compris la nécessité impérative d’agir au plus vite, le problème pouvant s’aggraver dans des proportions difficiles à évaluer. Voila pourquoi la ministre souhaite mettre en application ce rapport dans des délais aussi rapides que possibles comme l’explique La Dépêche.

Deux amendements sont ainsi dans les starting-blocks de Marisol Touraine pour être légiférés. La mission dans un souci d’équité étant de mieux répartir les tâches entre les professionnels de la santé dans le vaste champ des compétences concernant la vue. L’une des réformes à venir et à retenir sera la possible mise en place pour les orthoptistes du droit de renouveler des ordonnances et même la prescription de lunettes et/ou lentilles. Les orthoptistes travaillent soit dans un cabinet d’ophtalmologie ou exercent en libéral. Les opticiens sont invités à suivre une année d’étude supplémentaire « plus physiologique » pour enrichir leur parcours professionnel (leur diplôme est le BTS Opticien Lunetier de niveau bac + 2). Rappelons que la myopie est à surveiller de très près et touche 25% des jeunes en France d’où l’importance d’un suivi médical qui vaut aussi pour d’autres pathologies inhérentes aux yeux et à tout âge (strabisme, hypermétropie, presbytie, DMLA, etc.) !

Eric F.: