L’histoire est pour le moins insolite et étonne même la communauté scientifique. Comment Luis Ortiz, ce jeune californien apparemment en pleine forme aurait-il pu imaginer qu’un ver solitaire logeait dans sa tête avec une discrétion cependant ravageuse (d’autant plus que le ténia, de son autre nom, est un ver plat parasitaire de l’intestin et transmissible à l’homme par les viandes mal cuites de boeuf et de porc) ? La phrase assénée -sans prendre de pincettes- à Luis Ortiz, âgé de 26 ans, étudiant à l’université de Sacramento, restera sans doute à jamais gravée dans sa mémoire et ce de façon indélébile : « Il vous reste 30 minutes à vivre » est la teneur des propos brut de brut (brute de brute ?) sortie de la bouche franche mais sans anesthésie pour le moral d’un médecin des urgences de l’hôpital Queen of the Valley, où il a été admis dans un état très grave et tristement inclassable (peut-on en rire après coup ?), comme nous l’avons laissé entendre au début de cet article.
Les choses ont commencé à mal tourner alors qu’il rendait visite à sa maman, à Napa, en août dernier, raconte l’antenne de la CBS de San Francisco. Un mal de tête fulgurant, ricochet d’autres déjà handicapants de plus en plus fréquemment, lui tombe dessus et c’est celui de trop attestant que son corps tire la sonnette d’alarme. « Le pire de ma vie. Je me suis levé et j’ai vomi. » Sa maman réagit avec promptitude et contacte les secours qui le conduisent à l’hôpital le plus proche. Les radios révélatrices laissent entrevoir un énorme caillot qui malmène jusqu’à la bloquer la circulation du sang dans son cerveau, qui lutte pour contre l’asphyxie de plus en plus létale vaille que vaille.
Luis Ortiz est alors plongé dans un état de coma artificiel et opéré le plus urgemment du monde. Le chirurgien (à sa grande surprise) tombe sur des larves de ténia – un ver solitaire que l’on ne trouve jamais dans le cerveau d’où le caractère on ne peut plus insolite de son lieu de prolifération choisi puisque l’intestin est son endroit de prédilection habituel – constituant un kyste, entravant la circulation sanguine. Le chirurgien l’extrait immédiatement pour que les choses surprenantes rentrent dans l’ordre. « Il (le chirurgien) m’a dit que ça bougeait encore. » Quand on sait qu’un ver solitaire peut mesurer 4 à 10 mètres, s’il n’est pas traité, la situation cauchemardesque aurait pu l’être encore plus pour son cerveau, organe ne pesant qu’1,5 kilos chez l’homme et au volume trop petit pour être l’hôte d’un tel invité indésirable s’y étant incrusté.