Le 26 octobre 2016, Jeremy Loops investissait la Flèche d’Or de Paris pour une grande fête malgré ses petits soucis de santé. Une communion en live rare a été offerte par celui qu’on retrouvera très bientôt dans les plus grandes salles de France. On y était.
Comment résumer une fête en quelques lignes ? C’est bien la question qui se pose en sortant du concert de Jeremy Loops à la Flèche d’or de Paris ce mercredi 26 octobre 2016. Le chanteur sud-africain et sa troupe y ont donné rendez-vous à un public de connaisseurs pour une belle leçon de folk rock.
La salle parisienne, ancienne gare désaffectée de la Petite Ceinture est bien remplie ce jour là. Il faut dire que le beau gosse enchaîne les venues sur le vieux continent depuis l’été, recrutant à chaque passage de nouveaux adeptes. C’est seul, aidé de sa fameuse pédale de loop et de son harmonica que le chanteur débarque sur scène en grande pompe. D’entrée, le musicien balance les premières notes de « Welcome ». Il s’agit d’une simple mise en bouche ponctuées d’alléchants « Welcome to the show ». Merci Monsieur Loops.
Un drapeau d’Afrique du Sud à la main, le maître de cérémonie prend le temps de faire un rapide sondage. Dans la petite salle parisienne de nombreux compatriotes du musicien se sont déplacés. On compte également bien sûr de nombreux français mais aussi une jeune marocaine avec qui le musicien prend le temps d’échanger quelques mots. Avant de présenter sa fameuse équipe de musiciens, le chanteur tient à nous prévenir, il est nauséeux et malade mais rien au monde ne lui fait plus plaisir que de d’être là. Il faudra néanmoins donner « un maximum d’énergie » et le « pardonner s’il vomit sur la coté de la scène ». La première demande est largement prise en compte pour le public. Il est toujours fascinant de découvrir les premiers pas d’un futur grand nom de la musique. Et petit à petit, notre homme se hisse vers les sommets. Cet été, lors de son passage au Brussel Summer Festival, seul un public avare de découvertes s’était présenté face à lui. Cette fois, dans la salle parisienne de plus en plus chaude, c’est bien face à des fans que le musicien donne le « la ».
Ces derniers chantent sur chaque note, répondant positivement aux injonctions du chanteur. Allez hop on lève les bras, on chante, on danse ! On danse beaucoup, d’ailleurs. Il faut dire que notre homme, qui redouble d’énergie pour oublier son estomac sait occuper un espace scénique. Celui qui a été marin dans une autre vie, a appris sur les flots à jouer seul avec sa pédale de loop. Un don qu’il sait aussi bien employer pour canaliser une foule. Avec cet outil précieux, il test des sons, transforme le bruit d’un jouet pour enfant en un single, modifie sa voix et même celle d’une jeune fille au premier rang qui pourrait pendant quelques secondes doubler la créature horrifique d’un film d’épouvante. Le temps passe à toute vitesse et les singles défilent, le désormais culte « Sinner » et puis « The City », d’actualité en ce début d’automne puisqu’il s’adresse « A ceux qui ont envie de quitter parfois la pression de la ville pour se rendre dans la campagne. » s’enchainent.
Avec ses yeux d’un bleu profond, le musicien scrute en permanence la foule faisant disparaître doucement la frontière entre musicien et spectateur. Bien entouré, le sympathique artiste partage l’affiche avec un saxophoniste talentueux. La batterie rappelle celle d’Imagine Dragon alors que le rappeur Motheo Moleko ajoute sa touche de hip-hop joviale. Durant une heure et demie de live hallucinant, les genres se croisent, souvent au court du même morceau, de la pop, du rock, de la folk, de la country et du reggae côtoient le hip hop. Au milieu de cet harmonieux mélange, les musiciens se déchaînent, ils communiquent entre eux à travers instruments et mélodies, s’approchent du public et le challengent. La salle ondule et danse volontiers, même les derniers rangs, souvent timides, sont embrigadés dans cette tornade de bonne humeur.
La ballade « Higher Stakes » laisse à peine le temps de souffler. On pense à la BO idéale tant pour un film que pour une future coupe du monde : des titres fédérateurs qui ne demandent qu’à séduire le plus grand nombre.
Après ce qui paraît être passé en une poignée de minutes, le groupe quitte temporairement la scène. Le rappel s’enchaîne rapidement, il n’était pas question de les laisser partir si vite. La conclusion se fait sur le single « I wrote this song for you ». Loin de s’arrêter si facilement, l’incroyable monsieur Loops demande à la foule de ne plus faire un bruit et diffuse grâce à sa fidèle pédale de loop l’enregistrement des dernières secondes du concert. « Vous vous entendez ? » Lance-t-il. Et tout le monde de reprendre de plus belle une dernière fois ce refrain qui continuera à résonner dans nos têtes des heures après avoir quitté la salle. Après tout on peut bien l’emmener avec nous, c’est le chanteur qui disait, nous pointant à un à un du doigts « I wrote this song for you and you and you and you… ».