Lundi 26 février, Bernard de la Villardière était l’invité de l’émission Touche pas à mon poste (TPMP). A cette occasion le présentateur d’ « Enquête exclusive » sur M6 a pu promouvoir son documentaire « L’armée française dans l’enfer de la jungle » mais aussi s’expliquer avec les chroniqueurs de Cyril Hanouna.
Le voile au centre des débats
Le journaliste savait probablement qu’il allait être la cible des chroniqueurs de TPMP, avec qui il est en conflit depuis plusieurs années. A plusieurs reprises Bernard de la Villardière avait été vivement critiqué dans cette émission. Il avait riposté en reprochant à Cyril Hanouna d’avoir invité début 2017 sur le plateau une jeune femme voilée. La question du voile est redevenue centrale ce lundi, et le ton est rapidement monté entre Bernard de la Villardière et Rokhaya Diallo, militante féministe et antiraciste : « Vous ne cessez de citer des musulmans qui sont étrangers. Nous, on vous parle des musulmans de France qui ont un gros problème avec la manière dont vous les dépeignez. Je veux être très honnête avec vous, et je suis désolée pour votre maman, mais je n’aime pas du tout ce que vous faites. Je trouve que vous abordez des sujets avec une fausse neutralité qui pour moi masque une idéologie que vous déversez dans des pseudos-reportages qui sont à mon avis des tribunes », lui a-t-elle violemment reproché.
Votre avis sur les propos de Bernard de la Villardière ? #TPMP pic.twitter.com/oFkLGKbrYC
— TPMP (@TPMP) 26 février 2018
Débat ou dialogue de sourds ?
Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir vivement le journaliste : « Ce n’est pas un foulard comme les autres. C’est un hijab qui recouvre non seulement les cheveux, mais aussi le cou et les oreilles. Pour moi, c’est une doctrine que je dénonce et j’ai le droit de considérer qu’une femme qui porte le hijab, c’est une régression », a-t-il déclaré. Alors que les deux protagonistes s’interrompaient à de multiples reprises, il a ajouté : « Ça, c’est de la manipulation. Vous êtes conformes à ce que vous faites d’habitude : vous manipulez. ». C’est un dialogue de sourds qui s’est alors poursuivi.
« Vous pouvez me laissez terminer s’il vous plaît, s’est agacée Rokhaya Diallo, vous avez du mal aussi à laisser parler les femmes. Ici, dans le public, il y a des femmes qui sont voilées et je trouve que vous leur faites offense en prétendant savoir mieux qu’elles comment elles doivent s’habiller ». « Des accusations gratuites » selon Bernard de la Villardière.
« On est en France »
« Les femmes ont parfaitement le droit de porter le voile, a répondu ce dernier. Mais j’ai parfaitement le droit de dire que le voile, c’est une régression de mon point de vue dans un pays où on essaie de faire en sorte qu’il y ait une égalité entre les droits des femmes et des hommes. Le voile porte une idéologie : la femme est impure, elle peut être une tentatrice pour l’homme donc il faut qu’elle se couvre. Vous savez que l’administration tunisienne a interdit le hijab ».
« Mais on est en France, Bernard de la Villardière, a rétorqué Rokhaya Diallo. On n’est pas en Tunisie, on n’est pas en Birmanie. On n’est pas dans les terrains hostiles où vous êtes allés. On est en France ». « Oui, a reconnu Bernard de la Villardière. Mais on a des musulmans d’Algérie, de Tunisie qui nous disent : attention à ce qu’il se passe chez vous. C’est une offensive mondiale, ne réduisez pas le débat à la France ».
Violente altercation avec Gilles Verdez
Dans un deuxième temps, c’est avec Gilles Verdez que la discussion a été la plus violente. Bernard de la Villardière a rappelé avoir été placé sous protection policière pendant des mois en raison des menaces de mort qu’il recevait par dizaines. Il a pointé du doigt les diatribes des chroniqueurs de TPMP : « Quand on me traite d’islamophobe, on peut aussi armer les assassins ». Des propos « scandaleux » et « honteux » pour Rokhaya Diallo, qui ont également fait bondir Gilles Verdez : « Retirez ça. Vous ne pouvez pas dire que j’arme des assassins. C’est une discussion. Vous avez des convictions, j’en ai aussi ». Gilles Verdez s’est également insurgé « Pour qui vous vous prenez ? Vous nous donnez des leçons de journalisme ». « Oui, je me permets de vous donner des leçons de journalisme », a rétorqué Bernard de la Villardière.
Menacé de mort, Bernard de la Villardière a été « placé sous protection pendant un certain temps » #TPMP pic.twitter.com/g2XFbAfIpz
— TPMP (@TPMP) 27 février 2018
Cyril Hanouna évoque le côté provocateur de Bernard de la Villardière
Dans un dernier temps, le débat a également été vif entre le journaliste de M6 et Cyril Hanouna au sujet du reportage consacré aux jeunes de Sevran dans Dossier Tabou sur M6 il y a quelques années. Ce reportage avait lui aussi provoqué de nombreuses réactions. Cyril Hanouna ayant pointé du doigt le côté provocateur de Bernard de la Villardière à l’égard des jeunes sevranais, ce dernier a rétorqué « Ça va hein. Arrête Cyril. Mais non, tu es plus intelligent que ça, ne sois pas démago je t’en prie. Vous êtes des manipulateurs. C’est de la manipulation pure et simple. J’en ai ras-le-bol de cette histoire » a protesté le journaliste de M6, qui a fini par quitter le plateau à la suite d’une dernière altercation encore plus virulente avec Gilles Verdez, avant de revenir quelques instants plus tard.
Débriefing le lendemain
Dans TPMP le lendemain, Cyril Hanouna, qui avait déjà essayé la veille de calmer le jeu entre le journaliste et Rokhaya Diallo, a tenté le consensus pour apaiser les esprits: « Que tu portes la kippa ou non, le voile ou non, on s’en fiche […] tu fais ce que tu veux ». Dans la suite de l’émission, cependant, les chroniqueurs ont été invités à donner leur avis sur l’émission de la veille.
Chacun a exprimé, à des degrés divers, son regret d’avoir vu le ton monter autant. « Il a manqué dans ce débat une certaine tempérance », a commenté Maxime Guény. « Ils n’ont pas été bons, ça n’a servi aucune cause », a observé Benjamin Castaldi. Quant à Matthieu Delormeau qui n’était pas présent sur le plateau la veille mais avait assisté à l’émission chez lui, il a regretté un débat « La Villardière contre le reste de TPMP ». Valérie Bénaïm a quant à elle fait remarquer qu’il n’y a pas vraiment eu de débat mais « qu’il y a eu trois monologues ». Seul Gilles Verdez s’est dit satisfait qu’on puisse aborder des sujets aussi clivants sur le plateau. « C’était un débat compliqué […] mais il fallait le tenir ». Cyril Hanouna n’a ensuite pas repris la parole sur le sujet.
« C’était un débat compliqué mais il fallait le tenir » @gillesverdez revient sur son échange avec Bernard de la Villardière #TPMP pic.twitter.com/27hAWHcHtL
— TPMP (@TPMP) 27 février 2018