Oscars 2018 : Retour sur une cérémonie en demi-teinte

La cérémonie des Oscars 2018

Depuis septembre dernier, et le scandale lié à l’affaire Weinstein, Hollywood gronde. Le mouvement collectif « Time’s Up » réunissant des centaines d’actrices américaines a connu son apogée à la cérémonie des Golden Globes en janvier.

[dropcap]I[/dropcap]l n’était pas étonnant de penser que pour la 90ème cérémonie des Oscars, l’aspect politique serait décuplé. Et pourtant, on reste un peu sur sa faim. Les actrices qui étaient toutes (ou presque) de noirs vêtus pour cette cérémonie sont déjà arrivées toutes en couleur hier soir. Il est vrai que Frances McDormand, qui a gagné l’Oscar de la meilleure actrice, a eu un très beau discours féministe pour ses co-nominées, et pour toutes les femmes de l’assistance, terminant son speech par l’expression « inclusion rider ».

Les actrices Ashley Judd, Annabella Sciorra, & Salma Hayek sont également montés sur scène pour parler du même mouvement sur l’égalité hommes-femmes à Hollywood « Alors que nous célébrons ensemble 90 ans de cinéma, nous regardons devant. Nous nous réjouissons de ce que les 90 prochaines années continuent de mettre en avant l’égalité et la diversité. »

Dunkerque, la fresque de Christopher Nolan a gagné seulement trois trophées techniques (meilleur montage, meilleur montage de son et meilleur mixage de son) sur ses huit catégories où il était nommé.

Le grand gagnant de la soirée reste Guillermo Del Toro qui gagne la statuette pour « meilleur réalisateur » et « meilleur film ». À cela il faut rajouter l’Oscar de la meilleure musique pour le compositeur français Alexandre Desplat, ainsi que celui des meilleurs décors, pour son comte « La Forme de l’eau » :

Pour le prix du meilleur film, c’est d’ailleurs Faye Dunaway et Warren Beatty, de retour sur scène après leur énorme bévue de l’an dernier (ils avaient annoncé La la land au lieu de Moonlight) qui le lui ont remis.

En ce qui concerne le reste du palmarès, rien de très surprenant non plus :

« Les Heures Sombres » voient son acteur principal Gary Oldman et ses maquilleurs/coiffeurs : Kazuhiro Tsuji, David Malinowski et Lucy Sibbick crier victoire.

Sam Rockwell, dans « Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance », film dans lequel il donne la réplique à Frances Mc Dormand, repart avec l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle.

Meilleure actrice dans un second rôle : Allison Janney dans « Moi, Tonya »

Meilleur scénario original : Jordan Peele pour « Get Out »

Meilleur scénario adapté : James Ivory pour « Call Me by Your Name »

Meilleurs costumes : Mark Bridges pour « Phantom Thread »

Meilleure photographie (Roger Deakins) et meilleurs effets visuels (John Nelson, Gerd Nefzer, Paul Lambert et Richard R. Hoover) vont à « Blade Runner 2049 »

Sans grande surprise, le film d’animation : Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina (écurie Disney) repart avec l’Oscar de la catégorie, ainsi que meilleure chanson originale : Remember Me (paroles et musique de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez)

La France repart un peu bredouille. Déjà boudée pour 120 battements par minute pour la catégorie Meilleur film étranger, il n’y avait qu’Agnès Varda et JR pour être nominés en catégorie Meilleur documentaire. c’est finalement Icarus de Bryan Fogel et Dan Cogan qui repart gagnant de la cérémonie. (il n’y a bien qu’Alexandre Desplat qui porte haut les couleurs de l’hexagone)

[Meilleur film en langue étrangère : Une femme fantastique de Sebastián Lelio (Chili)]

Meilleur court métrage de fiction : The Silent Child de Chris Overton et Rachel Shenton

Meilleur court métrage d’animation : Dear Basketball de Glen Keane et Kobe Bryant

Meilleur court métrage documentaire : Heaven Is a Traffic Jam on the 405 de Frank Stiefel

Une cérémonie, qui, si elle est beaucoup moins « académique » qu’il y a encore quelques années, n’aura pas réussi à totalement se dérider, malgré les efforts de l’animateur Jimmy Kimmel, présentateur de la soirée.

Espérons que la 91ème cérémonie des Oscars, qui devrait avoir lieu l’hiver prochain,dans le Théâtre Dolby de Los Angeles, saura rendre le blason flamboyant d’un Hollywood un peu terni par l’actualité des derniers mois.

Elise Thierry: