Meghan Markle, bientôt épouse du Prince Harry

Meghan Markle et Harry / photo CC Mark Jones

A priori, peu de choses prédestinaient Meghan Markle, roturière issue d’une famille moyenne, Américaine, divorcée, métisse et comédienne de séries, à devenir l’épouse d’un prince britannique de sang royal. Elle s’unira pourtant au Prince Harry le 19 mai prochain.

[dropcap]N[/dropcap]ée et élevée à Los Angeles (Californie), et aujourd’hui âgée de 36 ans, Meghan est la fille de Dorian Ragland, afro-américaine, et de Thomas Markle, d’ascendance néerlandaise et irlandaise. Sa mère, ancienne maquilleuse pour la télévision, est professeure de yoga et assistante sociale, tandis que son père a été directeur de la photographie pour le cinéma et la télévision durant 40 ans. Meghan Markle a ainsi fréquenté, aux côtés de son père et dès son plus jeune âge, les plateaux de cinéma.

Scandales à répétition

Ses parents ont divorcé lorsqu’elle avait six ans et elle a une demi-sœur, Samantha Grant, et un demi-frère, Thomas Markle Junior. Ce dernier s’était fait remarquer  début 2017 en se faisant arrêter par la police pour avoir pointé une arme à feu sur le front de sa compagne. En avril de cette année, il a également cru bon d’envoyer une lettre incendiaire au Prince Harry en personne, écrivant notamment : « Meghan Markle n’est évidemment pas la personne qu’il vous faut. Alors que votre mariage royal se rapproche de jour en jour, il est devenu clair que c’est la plus grosse erreur dans l’histoire des mariages royaux » .

Thomas Markle Jr. avait également affirmé que les parents de Meghan ne seraient pas invités au mariage. Il a fallu un communiqué officiel de Kensington Palace pour démentir cette fausse information. Ce communiqué précise même que le père de la future mariée l’accompagnera dans l’allée centrale de la chapelle jusqu’à l’autel. Durant la matinée de la cérémonie, la mère de Meghan fera le trajet en voiture avec sa fille jusqu’au château de Windsor. Mais en toute dernière minute, selon le compte Twitter de TMZ, nous apprenons finalement que le père de Meghan Markle, atteint d’une crise cardiaque, n’assisterait pas au mariage !

Du reste, un autre scandale agite sa famille, selon The Daily Mail. Le père de la future mariée, alors qu’il se plaint de harcèlement médiatique, aurait organisé de fausses séances de paparazzis, dans le but probable de toucher de l’argent. Dans une situation financière très précaire, il vit actuellement au Mexique. Serait-ce la vraie cause de sa non-venue au mariage ?

Samantha Grant n’a pas été en reste en commentant abondamment dans les médias ; elle publiera prochainement ses « mémoires », aimablement intitulés Journal de la sœur d’une princesse arriviste. En 2016, elle n’hésitait pas à affirmer au Daily Mail : « Quand la famille royale apprendra comment la petite amie de Harry a traité ses proches, cela m’étonnerait que le prince veuille encore sortir avec elle ». Inutile de préciser que les demi frère et soeur de Meghan ne feront pas non plus partie du cortège royal le 19 mai…

Des écoles de Los Angeles à la série Suits

Dans sa jeunesse, Meghan Markle avait étudié dans des écoles privées à Los Angeles puis à Northwestern à Chicago (Illinois). En 2003, elle y avait obtenu une double licence en théâtre et en relations internationales. Elle a ensuite travaillé pour l’ambassade américaine à Buenos Aires (Argentine), dans l’espoir d’embrasser une carrière politique.

Parallèlement, elle a fait du mannequinat et a débuté comme figurante, en 2002, dans le soap opera Hôpital Central. Elle a avoué avoir rencontré des difficultés à obtenir des rôles plus consistants. « Je n’étais pas assez noire pour les rôles de noirs et je n’étais pas assez blanche pour les blancs, ce qui me laissait quelque part au milieu comme le caméléon ethnique à qui on ne trouve pas de travail », a-t-elle déclaré lors d’une émission télévisée sur CNN. Après plusieurs petits rôles, c’est finalement la série Suits : Avocats sur mesure qui la révélera finalement au grand public en 2011 , dans le rôle de Rachel Zane. Au cinéma, elle est apparue en 2010 dans deux longs métrages, un drame et une comédie. Grâce à la notoriété acquise dans Suits, elle apparaîtra également dans d’autres comédies et un thriller, entre 2011 et 2016.

Son idylle avec le Prince Harry se noue en 2016

Côté coeur, Meghan a épousé en août 2011 le producteur Trevor Engelson, qu’elle avait rencontré en 2004. Leur union fut de courte durée puisque le couple se sépare en mai 2013 avant de divorcer en mars 2014. Une rumeur se fait jour en 2016, prêtant à Meghan une liaison avec le Prince Harry, qu’elle avait rencontré en mai 2016 lors d’une soirée caritative à Toronto. C’est en novembre de la même année qu’un communiqué officiel de Kensington Palace officialise l’idylle. Le 23 septembre 2017, le couple apparaît pour la première fois en public, aux Invictus Games (des jeux pour athlètes handicapés) à Toronto. Le 27 novembre dernier, un communiqué officiel annonce leurs fiançailles, et le mariage est prévu pour le printemps 2018. En vue de ce mariage, Meghan Markle est baptisée selon le rite anglican le 6 mars de cette année.

Elle a renoncé à sa carrière d’actrice, et, protocole royal oblige, a dû fermer en avril 2017 son compte Instagram ainsi que son blog, The Tig, qui était consacré à des contenus culinaires, mode, beauté et voyage. Parfois critiquée pour ses tenues peu protocolaires, elle doit désormais respecter les règles en la matière, et plus généralement, un protocole royal toujours strict. Nul doute que sa future belle-soeur Kate, duchesse de Cambridge, l’aidera et la conseillera dans cette matière.

Harry, un prince autrefois rebelle

Quant au Prince Harry, il a abandonné ses frasques de jeunesse au profit d’une stature beaucoup plus princière. En 1997 il avait 13 ans lorsqu’il perdit sa mère, Lady Diana, dans un tragique accident de circulation à Paris, et en avait évidemment été profondément affecté. L’année suivante, il intégrait Eton, le très prestigieux et très select collège britannique. Le « bad boy », selon ses propres termes, enchaîne les frasques puis fréquente assidûment les boîtes de nuit et fait parfois preuve de mauvaises fréquentations. A Eton, il aurait même reçu le sobriquet de « Hash Harry » en raison d’une odeur de cannabis qui aurait filtré de sa chambre, lui faisant frôler l’exclusion… Mais c’est surtout en 2005 qu’il fait scandale, apparaissant en uniforme nazi avec un brassard à croix gammée lors d’une soirée privée. Il intègre l’armée de Sa Très Gracieuse Majesté quelques mois plus tard, puis se fait surprendre dans un club de strip-tease, ce qui lui vaut d’être surnommé « Dirty Harry »  par le Sun.

Finalement son engagement dans l’armée sera salutaire pour lui, et à partir de 2007 il servira en Afghanistan en temps qu’artilleur. Cependant à la fin de sa carrière militaire il est victime d’une dépression, dont il a lui-même fait état en 2017. Depuis, dans la lignée de Lady Di, il se consacre majoritairement à des actions caritatives. Quant à Meghan, elle s’est également investie dans de nombreuses causes humanitaires.

Le consentement de la Reine au mariage

Le consentement royal à ce mariage n’était pas gagné d’avance en raison des origines de Meghan Markle et de son précédent divorce. Le divorce est un sujet très délicat à Buckingham Palace. En 1936, l’oncle d’Elizabeth II, le roi Edward VIII, est contraint d’abdiquer au profit son frère cadet qui devient George VI (le père de la souveraine actuelle). Il souhaitait épouser une Américaine, Wallis Simpson, divorcée de son premier époux et en instance de divorce du deuxième. Dans l’Angleterre très rigoriste d’alors, cela fit scandale. Dans les années 50, la sœur cadette de la Reine, la Princesse Margaret, est contrainte de renoncer à épouser Peter Townsend, écuyer de l’ex roi George VI et de la Reine, parce qu’il était divorcé. L’Eglise anglicane n’admettait en effet pas le remariage d’une personne divorcée.

En 1992, deux des enfants de la Reine et du Prince Philip divorcèrent, et elle qualifia cette année d’« annus horribilis » (année horrible). En 1996, c’est le divorce de son fils le Prince Charles d’avec Lady Di qui affecta profondément la Reine. Ceci a peut-être incité la souveraine à plus de souplesse vis-à-vis du Prince Harry, lui permettant ainsi de réaliser un mariage d’amour. Et ce d’autant plus qu’il n’y a pas vraiment d’enjeu très important pour la royauté, Harry étant désormais sixième dans l’ordre de succession. De plus, pour la famille royale, intégrer une Américaine roturière et métisse donne une belle image de modernité, à l’image du Royaume-Uni d’aujourd’hui.

Dans un document calligraphié et très élaboré, Elizabeth II a donc promulgué le 12 mai dernier son consentement officiel, intitulé Instrument du Consentement. Il est décoré entre autres du Grand Sceau du Royaume, et des emblèmes de l’Angleterre (la rose), du Pays de Galles (le dragon), de l’Ecosse (le chardon) et de l’Irlande (le trèfle). S’y ajoutent une rose rouge (symbole des Etats-Unis) et deux fleurs de pavot (emblème de la Californie, dont Meghan Markle est originaire). Depuis un acte royal établi en 1772, le consentement de la Reine (ou du Roi) est obligatoire pour tout mariage jusqu’au sixième rang dans l’ordre de succession.

Au Château de Windsor

Le mariage aura donc lieu au Château de Windsor, dans la Chapelle Saint George, ce samedi 19 mai. Le château de Windsor est un lieu très emblématique puisqu’il a donné son nom à la famille royale actuelle. Malgré un grave incendie qui détruisit une aile en 1992, il est la résidence préférée de la Reine. Auparavant, selon la tradition, la Reine aura approuvé la robe de mariée que portera Meghan.

A l’occasion du mariage, Meghan Markle devrait également recevoir de la Reine un titre de noblesse, qui sera probablement la Duchesse de Sussex. Le voyage de noces du couple princier, quelques temps plus tard, devrait avoir lieu au Botswana.

Arnaud D.: