La Fondation pour un monde sans fumée (Foundation for a smoke-free world) a présenté, lundi 19 mars 2018, son dernier rapport sur le tabagisme à travers le monde, intitulé, « L’état du tabagisme 2018 : Conclusions et aperçus de l’enquête mondiale » et qui démontre l’ancrage social de cette habitude mortelle, ainsi que la difficulté des fumeurs à s’en débarrasser.
[dropcap]C[/dropcap]e rapport scientifique a été réalisé à travers deux approches parallèles. Une approche quantitative, tout d’abord, effectuée à partir de sondages : un échantillon représentatif de la population adulte, composé de plus de 17000 personnes, a été interrogé, dans 13 pays différents. Une approche qualitative, ensuite, avec l’organisation de nombreux Focus groupes dans les principales villes de 7 des 13 pays choisis pour cette l’étude.
Selon les auteurs de l’enquête, les trois principaux enjeux sont de « Comprendre les expériences et les défis des fumeurs ; Sonder la sensibilisation au tabagisme et aux impacts sur la santé ; Évaluer les perceptions du risque et l’influence sur les choix ».
Ils sont donc partis du principe que « l’expérience du fumeur est multiforme et profondément personnelle. En conséquence, les solutions que nous proposons doivent refléter une compréhension de cette expérience, ce dont les fumeurs ont besoin, et ce qu’ils veulent lorsqu’ils essayent d‘arrêter de fumer. »
La première leçon tirée de cette étude a trait à l’aspect social du tabagisme. On y apprend que les fumeurs fréquentent bien plus de fumeurs que les non-fumeurs (72% contre 27 % en France). Ils se marient même bien plus entre eux, et quel que soit le pays. Les fumeurs considèrent d’ailleurs le tabagisme au même titre que les autres plaisir basiques de la vie, comme manger, boire, ou interagir socialement. L’effet de groupe est donc intrinsèque au processus de consommation du tabac.
Un autre enseignement de ce document concerne la difficulté à arrêter de fumer, malgré une conscience globale des dangers encourus. En France, 89% des fumeurs savent que le tabagisme est dangereux pour leur santé. Ils sont 87% à admettre être accros aux cigarettes.
Enfin le document illustre une forte confusion chez les fumeurs concernant leur perception des substituts au tabac comme la cigarette électronique. Seulement la moitié des fumeurs savent que la cigarette électronique est moins nocive pour la santé que la cigarette classique. L’autre moitié estime que ces deux produits sont autant toxiques l’un que l’autre. Cette découverte met ainsi en lumière un paradoxe de plus en plus souvent signalé par les autorités de santé publique, à savoir le fait que les précautions prises par les scientifiques à l’égard des l’alternatives au tabac (e-cigarettes ou tabac à chauffer par exemple) conduit de nombreux fumeurs à penser, à tort, que cela signifie que ces alternatives sont aussi dangereuses.
La Fondation pour un monde sans fumée, présidée par le Docteur Derek Yach, est un organisme privé indépendant qui accorde des subventions et soutient les initiatives de recherche médicale, agricole et scientifique tournées vers la lutte contre le tabagisme et ses effets néfastes sur la santé publique.