Coupe du monde 2018 : Pourquoi les footballeurs gays ne sont-ils toujours pas out ?

Illustration d'un ballon de foot / Pixabay

Si la France vient d’être sacrée championne du monde avec son équipe basée sur la diversité.Il est facilement identifiable qu’un dernier tabou persiste. Un champion mondial ne peut pas etre gay. Sur les 736 titulaires qui ont foulé la pelouse, aucun n’est homosexuels. Retour sur ces 20 dernières années où rien a vraiment avancé pour les gays dans le football.

[dropcap]T[/dropcap]riste anniversaire: Vingt ans que l’on a pas eu de coming out dans le football de première division depuis le drame Fashanu. En 1998, Justin Fashanu, footballeur de Premier League se suicide après 7 longues années de harcèlement du à son coming out.

Son histoire dramatique laisse désormais place à un silence qui dure. Aucun footballeur de première division n’a osé se révéler. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé.

En 2015, The Daily Mirror révèle que deux footballeurs anglais sont prêts à parler de leur homosexualité pour 2016. L’année passe, aucun coming out ne se fait. Le sujet devient de plus en plus insistant dans les médias.

Des grands noms tels que Lilian Thuram, Thierry Henry ou plus récemment Antoine Griezmann encouragent le coming out. Tous tiennent le même discours, ils soutiennent cette diversité. Cependant, rien avance. Aucun coming out n’est fait malgré les grands sourires.

L’homophobie des foules et des adversaires

Se révéler est un moyen de lutter contre l’homophobie dans le football. Yohann Le Maire en est l’exemple parfait. En 2009, ce joueur semi professionnel fait son coming out et se fait renvoyer par le club. Il en déduit que pour un joueur de première division l’aventure doit être encore plus délicate.

Amal Fashanu, qui a réalisé un documentaire sur le football et l’homosexualité met des chiffres. Elle révèle avoir eu le coming out de 8 joueurs de Premier League. Elle ajoute qu’ils ne souhaitent pas sortir publiquement par peur de l’homophobie des fans et des adversaires.

Pour éviter les menaces de fans et la perte de sponsor, les acteurs du monde du foot attendent leur retraite pour sortir.  En 2014, Thomas Hitzlsperger, sort un an après sa retraite. Il est l’unique footballeur de première ligue à faire son coming out. Il a notamment évolué en Angleterre .

S’il n’est pas un footballeur star à l’image de Neymar, Thomas a tout de même joué au plus haut niveau au sein de l’équipe allemande à l’occasion de la Coupe du monde 2004 ou encore  à l’Euro 2008. Son acte est courageux. Cependant en attendant leur retraite, les footballeurs sont moins influant. Ils ne passent plus à la télévision pour défendre les couleurs de leur nation. Ils portent moins le symbole d’un pays.

L’après coming out bien plus dur

De leur coté, les médias n’ont de cesse de traiter toutes les informations liées à un futur coming out pour faire vendre. Les témoignages anonymes de joueur gay de première ligue sont publiéq partout en Europe. Tous révèlent leur peur de briser leur carrière.  Tous musellent leur sexualité différente.

La derniere action en date remonte à Mai 2018. Elle vient des anglais. Le médias The Miror révèle les textos échangés entre un designer et un footballeur de Premier league. Le footballeur en question était en couple avec une femme et un enfant quand il a flirté avec un garçon. Pour murer cette idylle dans le silence, la star a proposé 10 000 dollars au designer.

Toutes ces rumeurs poussent certains dirigeants du football à réagir. Le directeur de la federation anglaise Greg Clarke préconise, un coming out collectif afin de ne pas catégoriser un unique footballeur. Mais Greg Clarke insiste sur le fait qu’il ne veut pas inciter les footballeurs gays à sortir du placard.

En soi, le coming out n’est pas le plus dur. L’après coming out est encore plus dur. Le coming out ne s’arrete pas au moment où il sort de son silence auprès d’un grand médias. L’après coming out est le vrai combat de toute personne qui sort du placard. L’ Homme out est seul. Il doit faire face à ses collègues, à ses patrons. Les footballeurs, eux,  ajoutent la pression des fans qui a chaque raté sur la pelouse n’hésite pas à incendier avec virulence le joueur.

 

Dilemme persiste entre oui et non

Le dilemme reste donc entier. D’une part, on ne sait pas comment pourront réagir les marques et les fans. Les footballeurs étant façonnés avec précision pour devenir un prince charmant des temps modernes : viril, et talentueux. Ainsi, créer l’image d’un prince charmant pour au final révéler son homosexualité pourrait l’éloigner de la population hétéronormée qui consomme en masse et avec passion le football et par conséquent des marques qui représentent le joueur

D’autre part, un footballeur est un véritable moyen de donner un visage encore plus multiple sur l’homosexualité. Le football est un symbole. Les jeunes hommes qui le pratiquent disposent de salaire à plusieurs millions d’euros et sont considérés comme de véritables célébrités. Ils représentent de nombreuses marques. Ils sont un modèle de réussite et premiers idéaux de nombreux enfants. La révélation d’un footballeur n’aura à fortiori pas les mêmes répercussions que celles d’un chanteur ou d’un présentateur.

Un retard et un silence

En comparaison avec les autres sports, le football est en retard. Ces dix dernières années on peut parler d’une libération de la parole dans le monde du sport. Il y a eu un flot de coming out dans le milieu des sports individuels. A titre comparatif, les compétitions de football restent totalement imperméables à la tolérance que peut revendiquer les Jeux Olympiques par exemple.

Comme dans les années 1990, aucun footballeur n’ose aborder une sexualité différente. Les footballeurs sont des sortes d’homme qui acquiert un certain salaire au prix du silence. Il est pour eux difficile d’avoir la violence de l’engagement.

Un jour ou l’autre, un joueur parlera et sera symbole de progrès. Un progrès fait d’abord face au rejet avant de finalement s’installer avec le temps. Ces hommes murés dans le silence, ont peur de devenir bêtes de foire et cible de moquerie. Pourtant, c’est leur silence et la peur d’aborder ce sujet qui les fait finalement se sentir bêtes.

Dov B.: