Lady Gaga a quitté Vegas le temps d’un film, et grand bien lui en a pris.
[dropcap]L[/dropcap]’histoire est classique : elle est jeune, d’une beauté et d’un talent insolents, elle a un job pas intéressant et se produit à peine, devant s’occuper de son père. Lui est connu dans le monde entier, sa carrière commence à s’étioler, la vieillesse et les problèmes de santé se font de plus en plus présents, et le combo alcool/cachets est son seul ami qui lui tienne compagnie lorsque la nuit arrive.
Ils vont se rencontrer par un heureux hasard du « destin », s’aimer et se détruire. Loin de nous l’idée de spoiler la fin de A star is born, mais l’histoire est classique, on vous l’a dit.
D’ailleurs « A star is born » n’en est pas à son coup d’essai. Si les versions de 1937 avec Janet Gaynor et Fredric March et de 1977 avec Barbra Streisand & Kris Kristofferson ne vous disent rien, rattrapez vite votre retard avec celle de 2018.
Bradley Cooper (Very bad trip, Happiness Therapy) est ici devant ET derrière la caméra. Le plus français des américains incarne Jackson Maine, chanteur de country sur le déclin. Sa prestation est stupéfiante, même sa voix est différente comme éraillée, il joue avec tout son corps, et paraît vraiment saoul une bonne partie du film. Il y a beaucoup de Joaquin Phœnix de « Walk the line » dans son jeu, et dans la façon d’aborder le personnage. A la différence près que Phœnix pouvait s’inspirer des archives de vidéo de Johnny Cash. Mais Cooper est ici vraiment bluffant, avec des scènes qui vous couperont le souffle. Et même en tant que réalisateur d’ailleurs. Sa façon de tourner est au début assez classique, il respecte les règles du jeu, comme un étudiant qui sortirait d’une école de cinéma. Et puis non, alors que l’histoire change d’aspect, sa façon de filmer aussi. Ce n’est pas une cassure nette, elle s’inscrit dans le temps mais rend encore plus folle l’histoire.
En parlant de folie, amenons le sujet du talent de Lady Gaga sur la table. Comment utiliser des mots alors que sa prestation est à couper le souffle?
L’histoire fait quand même penser à sa propre carrière, la jeune fille qui fait du piano bar et que personne ne veut signer car elle ne correspond pas tout à fait aux critères de beauté actuels mais qui va avoir un coup de pouce qui va lancer sa carrière jusqu’à peut être la perdre elle…
Mais ne partons pas dans une analyse de la carrière de Lady Gaga, ici il n’y a rien de Gaga. Pas ou peu maquillée, Stefani Germanotta (son vrai nom) est ici Ally, orpheline de mère qui s’occupe de son père tout en travaillant dans un restaurant et en s’octroyant un soir par semaine où elle chante au beau milieu de drag queen. Sa rencontre avec Jackson Maine est un coup de foudre amoureux et professionnel. En l’espace d’une nuit sa vie bascule totalement jusqu’à finir par avoir plus de pouvoir dans le monde de la musique que lui.
L’histoire est forcément tragique, comme seul Hollywood sait nous proposer.
La BO en elle même est un personnage à part entière. Construite à partir de collaborations de Lady Gaga et du producteur Mark Ronson, on y trouve aussi des titres écrits par Jason Isbell ou Diane Warren. Même Bradley Cooper, décidément touche à tout en a écrit, tout comme le chanteur de country Lukas Nelson, qui fait parti de son groupe dans le film.
Et puis cette dernière chanson qui te met des frissons et te fait dresser les poils même là où t’en as pas.
Le seul conseil que l’on puisse vous donner c’est de courir voir ce film, qui devrait encore couler des jours heureux sur nos écrans pendant quelques semaines. Par contre allez y un jour de pluie, vous pourrez toujours faire passer vos larmes pour des gouttes d’eau venant du ciel…