Réforme des retraites : les danseurs de l’Opéra de Paris élèvent leurs voix

Les danseuses de l'Opéra de Paris / Capture Youtube

Réveillon de noël rimait avec protestation pour l’orchestre symphonique et les danseurs de l’Opéra de Paris.

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La semaine dernière, dans la journée du 24 décembre, l’orchestre symphonique et le ballet de l’Opéra de Paris ont produit une performance engagée sur le parvis de l’Opéra et cela gratuitement. 

Selon le Monde, une quarantaine de danseurs ont interprété des tableaux du Lac des cygnes. Derrière la scène improvisée, se trouvait deux affiches portant les messages : « Opéra de Paris en grève » et « La culture en danger ». 

En effet, dans l’actuel débat sur la réforme des retraites présentée officiellement par le gouvernement le 11 décembre dernier, le cas des résidents de l’Opéra de Paris était jusque là très peu évoqué. 

Dans l’actuel régime des retraites, les résidents de l’opéra de Paris dépendent d’un régime spécial comme l’explique Franceinfo. Ce régime spécial permet aux danseurs de partir à la retraite avant l’âge légal, c’est-à-dire avant 62 ans. Par exemple, les « artistes du ballet » peuvent partir à la retraite à 42 ans. Et cela s’explique par le travail acharné, l’entrainement quotidien qui ont transformé et abîmé leur corps. Les danseurs de l’opéra de Paris ne peuvent pas s’imaginer continuer de danser jusqu’à 64 ans comme le prévoit le projet du gouvernement : leurs corps ne tiendraient pas. La danseuse Heloïse Jocqueviel, par exemple, explique à Franceinfo : « Avec cinq heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs aux genoux ». 

En conséquence, les danseurs ont manifesté en faisant ce qu’ils font de mieux : danser. Et cette performance a eu des effets : le gouvernement a finalement fait des concessions sur leur cas.

Dans une lettre du nouveau secrétaire d’état au Retraite, Laurent Pietraszewski, révélée par Les Echos, il est dit que les danseurs de l’Opéra de Paris bénéficieront de la dite « clause du grand-père ». Grace à cette clause, seuls les nouveaux recrutés de l’Opera après 2022 seront concernés par la réforme.
Puis, la lettre garantie la création d’un dispositif de « reconversion professionnelle ». Enfin, elle souligne la spécificité de la pénibilité liée aux métiers de l’Opéra de Paris et promet de le prendre en compte dans les discussions qui auront lieu en janvier.

C’est une petite victoire pour les résidents de l’Opéra de Paris, qui continuent malgré tout à faire grève contre la réforme. Nous pouvons citer les propos relevés par Les Echos de certains danseurs de l’Opera après l’annonce de ces concessions : « Il nous est proposé d’échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu’aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu’un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur: nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes ».

Clarisse Guibert: