Le Parlement japonais l’a approuvé à une large majorité ce mercredi matin. Il avait déjà triomphalement remporté lundi l’élection interne pour devenir chef de son parti politique.
Depuis l’annonce fin août par Shinzo Abe de sa démission pour raisons de santé, le Japon attendait la nomination de son nouveau leader politique. La nouvelle n’a surpris personne mais elle est enfin officielle : Yoshihide Suga, 71 ans, est le nouveau premier ministre japonais. Il était jusqu’alors secrétaire général et porte-parole du gouvernement depuis la nomination de Shinzo Abe en 2012. Il s’agit de postes hautement stratégiques grâce auxquels il a acquis une certaine expérience, mais une popularité bien moins importante que son prédécesseur.
Pourtant au sein de son parti, le Parti libéral-démocrate (PLD) beaucoup ont soutenu sa candidature. Sa loyauté envers l’ancien Premier ministre qu’il conseillait depuis de nombreuses années, ainsi que son caractère pragmatique ont joué en sa faveur. De plus, il s’est engagé à poursuivre la politique de son prédécesseur, un gage de stabilité politique et économique.
Son parcours apparait atypique dans un parti dominé par des élites fortunées. En effet, Yoshihide Suga est le fils d’un agriculteur et d’une professeur, originaire du Nord du pays. Lorsqu’il décide de poursuivre des études de droit à Tokyo, il les finance seul, en enchainant les petits emplois étudiants. Il travaille par exemple dans une usine de cartons et comme manutentionnaire au grand marché aux poissons de la capitale. Une fois diplômé, il devient assistant parlementaire d’un élu de Yokohama, une grande ville voisine de Tokyo. A 28 ans, il devient conseiller municipal de cette même ville avant de devenir, neuf ans plus tard, député. Ses origines sont devenues partie intégrante de sa politique, puisqu’il est notamment à l’origine de la mise en place d’un crédit d’impôt pour soutenir les régions rurales.
Au sein de sa famille politique, il fait consensus : « Il a toujours été une sorte de solitaire silencieux au sein du PLD, capable de s’entendre avec presque tout le monde, sans afficher une ambition personnelle ou des convictions politiques fortes », selon Yongwook Ryu, universitaire de Singapour expert des politiques en Asie de l’Est et interrogée par TV5 Monde. Le nouveau gouvernement devrait être dévoilé dans la journée. Les missions qui l’attendent sont nombreuses : le Japon doit faire face à une double crise sanitaire et économique, à un vieillissement constant de sa population ainsi qu’à des relations diplomatiques avec ses voisins chinois et sud coréens parfois complexes.
Par Léa Meira