Violences policières à Paris : Trois policiers suspendus après un passage à tabac dans le 17e

Illustration de policiers / Unsplash

Alors que la loi « sécurité globale » est en cours d’examen à l’Assemblée Nationale, une nouvelle vidéo de violences policières a été révélée par Loopsider ce jeudi.

Les images font froid dans le dos. Pendant cinq minutes, on y voit trois policiers rouer de coups et insulter un homme. Les trois agents ont été immédiatement suspendus après la diffusion de ces images et une enquête est en cours par l’IGPN.

Retour sur les fait :

Le 21 novembre, à 19h40, Michel se dirige vers son studio de musique dans le 17e arrondissement de Paris. Il voit une voiture de police arriver dans sa rue. Il a oublié de mettre son masque, alors il décide de rentrer dans son studio d’enregistrement au plus vite. Les trois policiers sortent de leur voiture pour le suivre.

Michel ouvre sa porte et rentre dans son studio. Les trois policiers s’engouffrent avec lui, pour essayer de le faire ressortir. « Avant d’entendre un mot, j’ai senti des mains qui me poussaient ou me tiraient, je sais plus trop » raconte le producteur de Black Gold Studios à Loopsider. Alors que Michel est légalement chez lui, les policiers commencent à le fouiller. La caméra de vidéosurveillance enregistre toute la scène. Un des policiers ferme alors la porte derrière lui et les violences commencent. La scène qui suit est extrêmement violente comme en témoignent les images rapportées par le média.

En 5 minutes et 12 secondes, trois policiers du 17e arrondissement lui infligent plus d’une vingtaine de coups de poing. Des dizaines de coup de pieds lui sont distribués. Les policiers se servent aussi de leurs matraques pour venir frapper son visage et son crâne. Michel est étranglé à plusieurs reprises. Les forces de l’ordre le frappent avec leur genou. D’interminables minutes où Michel est passé à tabac par ces policiers.

« sale nègre », « ta gueule », « on va te défoncer »

« Je ne voulais pas avoir de gestes virulents qui allaient jouer contre moi par la suite » raconte Michel à Loopsider. Il est conscient de tous ses gestes, qui pourraient se retourner contre lui. Ainsi, il reste calme et essaye d’expliquer la situation aux officiers. Les réponses sont tout aussi violentes rapportent la victime : « sale nègre », « ta gueule », « on va te défoncer ».

Au même moment, dans le sous-sol du studio, neuf artistes sont en train d’enregistrer un morceau. Michel arrive à entrouvrir la porte et à crier à l’aide. Après de longues minutes, ils entendent les appels de leur producteur. Les artistes montent les escaliers pour lui venir en aide.

« C’est mon dernier jour peut-être aujourd’hui »

Wensly, un des artistes présents, raconte à Loopsider : « on a vu que c’était des policiers qui frappaient Michel ». Les artistes arrivent à ouvrir la porte, les policiers prennent peur. Ils sortent du studio et libèrent enfin Michel. Tous sont troublés et demandent à leur producteur ce qui se passe. Michel leur avoue : « Je ne sais pas ce qui se passe ».

Les policiers repoussés à l’extérieur du studio essayent de rentrer à nouveau. Ils enfoncent la porte et tentent de défoncer la vitrine à coup de matraque. Les policiers qui entre temps sont parvenus à appeler du renfort, finissent par envoyer dans le studio une grenade lacrymogène. Michel est effrayé, il pense même « c’est mon dernier jour peut-être aujourd’hui ». Les policiers exigent que Michel sorte des locaux. Ils ont dégainé leurs armes. La victime s’execute avant d’être interpeller. Le jeune homme est nouveau attrapé par plusieurs policiers et reçoit de nouveau une salve de coups. Les jeunes artistes qui avaient aidés Michel se sont quant à eux réfugiés au sous-sol, pour éviter le gaz lacrymogènes. Les policiers descendent armés les chercher. A leurs tours, ils sont sortis du studio et reçoivent des coups.

Un des policiers aperçoit alors qu’une femme du voisinage filme la scène. C’est à ce moment là que les fonctionnaires auraient immédiatement arrêté les violences. Michel et les autres jeunes ont tous été transportés au commissariat.

Les policiers qui accusent Michel d’outrage et de rébellion, aurait selon les dires des fonctionnaire, essayé de subtiliser les armes des agents. Les images ont quant à elles démentis ces affirmations. Malgré cela, Michel a été placé en garde à vue tandis que les neufs autres personnes qui se trouvaient dans le studio ont quant à elles été relâchées.

48 heures de garde à vue

Après 48 heures de garde à vue, Michel fait constater son état par un médecin. Le producteur présente de multiples hématomes, une déchirure au tendon, une ouverture du crâne et diverses autres plaies. Le médecin lui prescrit 6 jours d’interruption de travail. « Mon client a fait quarante-huit heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l’ont outrageusement violenté », a dénoncé son avocate, Maître Hafida El Ali, jointe par l’AFP pour L’Obs.

La préfecture de police de Paris contacté par Loopsider dit n’avoir aucune trace de cette intervention. Le parquet de Paris est clair: les poursuites contre Michel ont été classées sans suite grâce aux vidéos présentées par l’avocate de Michel.

Une enquête a ainsi pu être ouverte contre les trois agents, et confiée à l’IGPN, la police des polices. Les policiers qui sont poursuivis pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique et faux en écriture publique » a appris 20 Minutes.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a félicité sur Twitter que l’IGPN se soit saisie de l’affaire. C’est lui qui aurait demandé au préfet de police de suspendre les trois agents à titre conservatoire.

Par Emilie Autin

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