Première journée du procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre d’Arthur Noyer et peut-être 30 ans d’emprisonnement à la clé pour « meurtre »

Nordahl Lelandais / Capture BFMTV

Le premier procès de l’ancien maître-chien, âgé de 38 ans, est très attendu, tant les mystères à propos de sa personnalité demeurent.


C’est à Chambéry que s’ouvre la première journée du procès de Nordahl Lelandais, ce maître-chien accusé d’avoir tué le caporal Arthur Noyer en avril 2017. La tension est à son comble et l’ombre de la petite Maelys de Araujo, que ce dernier est accusé d’avoir tué en août 2017, plane sur le Palais de justice de Chambéry. Le procès sera présidé par François-Xavier Manteaux et l’accusation représentée par les avocates générales Thérèse Brunisso et Marianne Thirard.

Devant la cour d’assises de la Savoie, ce lundi 3 mai 2021, Nordahl Lelandais, 38 ans, comparaît pour le meurtre d’Arthur Noyer, caporal du 13e bataillon de chasseurs alpins, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 à Chambéry. A.Noyer, âgé de 23 ans, fut la première victime présumée de N.Lelandais, la seconde fut la petite Maelys de Araujo, 8 ans, assassinée 8 mois plus tard à Pont-de-Beauvoisin (Isère), faisant de N.Lelandais l’une des figures marquantes de l’histoire criminelle la plus récente. Le procès pour la jeune Maelys aura lieu à Grenoble en 2022.

Le procès se déroulera sur huit journées, jusqu’au 12 mai. La cour a prévu d’entendre au moins 24 témoins cités par l’accusation, auxquels s’ajouteront les témoins cités par les parties civiles. Treize experts se présenteront également à la barre. L’accusé encourt trente ans de réclusion criminelle.

Pour rappel : mercredi 12 avril 2017, le caporal Arthur Noyer, âgé de 23 ans à l’époque des faits, ne se présente pas au 13e bataillon de chasseurs alpins de Barby en Savoie. Première fois que le jeune homme manque à l’appel, ses supérieurs s’en inquiète, signale sa disparition. Aussitôt, les parents du jeune homme se rendent à Chambéry.

Les proches du jeune homme s’inquiètent de sa disparition et se lancent à sa recherche. Des affiches maculent la ville, des battues sont organisées, la presse est alertée, mais aucune trace du caporal. Un mois s’écoule, et les interrogations à propos de sa disparition s’additionnent. Une marche blanche est organisée par la famille afin de rappeler qu’Arthur Noyer est toujours recherché.

De la petite Maelys aux affaires Lelandais

Les investigations se poursuivent dans l’espoir de retrouver le jeune homme, mais sans succès. Mais l’affaire connaît un premier rebondissement le 7 septembre 2017. Un randonneur découvre un crâne humain en contrebas d’un sentier de randonnée, non loin de Montmélian (Savoie), à quelques kilomètres où A.Noyer aurait été aperçu. Trois mois d’attente pour que les analyses ADN confirment qu’il s’agit bien du crâne d’Arthur Noyer. Entretemps, les téléphones de N.Lelandais bornent au même endroit que celui de sa victime à plusieurs moments de la nuit de la disparition de la victime. L’Audi noire, que possède N.Lelandais est repéré près d’A.Noyer sur des images de vidéosurveillance. Dans un même temps, les enquêteurs découvrent que le tueur avait effectué une recherche sur internet en utilisant les mots-clés « décomposition d’un corps humain ». Juste avant les faits, Arthur Noyer s’était rendu dans un bar, Le Curial, pour poursuivre sa soirée en boîte de nuit jusqu’à trois heures du matin. C’est dans ce périmètre qu’il aurait croisé le chemin de N.Lelandais. Les informations se croisent avec l’affaire de la petite Maelys, et il ne s’agit plus d’une mais des affaires Lelandais.  Nordahl Lelandais est mis en examen pour l’assassinat du jeune caporal le 19 décembre 2017 à l’issue de sa garde à vue, huit mois après la disparition d’Arthur Noyer. N.Lelandais nie les faits.

Tout arrive à qui sait attendre

La presse s’empare de l’affaire, la défense et les parties civiles s’en inquiètent, mais le dossier suit son cours. Mais de nouveaux ossements découverts en janvier 2018, poussent N.Lelandais à faire des premiers aveux. Il admet avoir pris en stop un jeune militaire et déclare qu’il était pris de boisson, lui demandant de le déposer quelques kilomètres plus loin. N.Lelandais mentionne, finalement, une altercation avec le caporal qui se serait achevée en bagarre. Il affirme aussi que le jeune militaire aurait fait une mauvaise chute entraînant sa mort ce qui expliquerait que N.Lelandais ait jeté le corps dans un ravin.

Pas de préméditation

En février 2020, le parquet de Chambéry requiert le renvoi de Nordhal Lelandais devant la Cour d’assises pour le meurtre d’Arthur Noyer, et non plus pour son assassinat, écartant la préméditation et faisant passer la peine maximale encourue de la réclusion criminelle à perpétuité à trente ans.

Tout est remis en cause

Alors que s’ouvre le procès de Nordhal Lelandais lundi 3 mai 2021, la question de la préméditation plane encore sur le Palais de Justice de Chambéry. Plus de 900 dossiers ont été étudiés et une quarantaine d’affaires rouvertes pour déterminer si le trentenaire a pu croiser le chemin des victimes. Un procès qui s’annonce douloureux et complexe.

Par Bruno Deslot

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