Annoncée comme une promesse par Joe Biden à son arrivée à la Maison Blanche, le retrait des États-Unis d’Afghanistan s’est conclu, lundi 30 août, dans une atmosphère de fébrilité.
C’est officiel, il n’y a plus de forces militaires américaines en Afghanistan. L’annonce a été faite en fin d’après-midi à Washington, lundi 30 août, par le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central ; soit vingt-quatre heures avant la date butoir prévue avec les talibans. D’après Le Monde, « Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août » à 22 h 30, heure de Paris, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Toujours selon Le Monde, sur la photo prise de nuit on y distingue le général major Chris Donahue, commandant de la 82e division aéroportée, posant le pied à bord d’un avion-cargo C-17 en bout de piste, à l’aéroport international Hamid-Karzai, à Kaboul. Chris Donahue entre dans l’histoire : il est le dernier soldat américain à quitter le sol afghan.
Les États-Unis ont également suspendu leur présence diplomatique en Afghanistan, a annoncé, lundi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, évoquant « l’environnement sécuritaire incertain et la situation politique » en Afghanistan. Les opérations de l’ambassade sont transférées à Doha, au Qatar. Les États-Unis travailleront avec les talibans s’ils « tiennent leurs engagements », a affirmé le chef de la diplomatie américaine. « Les talibans veulent la légitimité et le soutien internationaux. Notre message est que la légitimité et le soutien doivent se mériter », a-t-il lancé.
Un moment historique pour les talibans
Les talibans, nouveaux maîtres de l’Afghanistan, ont marché triomphalement mardi 31 août dans l’aéroport de Kaboul après le départ des derniers soldats américains.
« Félicitations à l’Afghanistan (…). Cette victoire est la nôtre à tous », a déclaré dans la matinée le principal porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, à l’aéroport de la capitale. « C’est une grande leçon pour d’autres envahisseurs et pour notre future génération » et « c’est aussi une leçon pour le monde », a-t-il estimé, ajoutant : « C’est un jour historique », comme le rappellent nos confrères.
La fin de 20 ans de présence militaire
Le départ des troupes américaines met ainsi fin à vingt ans d’une guerre dévastatrice et ouvre un nouveau chapitre rempli d’incertitudes pour le pays. Les Américains étaient entrés en Afghanistan en 2001, à la tête d’une coalition internationale, pour chasser du pouvoir les talibans en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
L’objectif de supprimer Oussama Ben Laden avait été atteint le 2 mai 2011, lorsque les forces spéciales américaines l’avaient tué au Pakistan. Les États-Unis étaient restés en Afghanistan, notamment pour former une armée afghane qui s’est finalement effondrée face aux talibans.
Le plus long déploiement extérieur de l’histoire des États-Unis se conclut finalement dans une atmosphère de précipitation. Dimanche, une frappe de drone censée prévenir un attentat imminent a causé la mort de dix civils, dont sept enfants, dans des circonstances non élucidées.
Envisagé par trois prédécesseurs de Joe Biden, ce retrait devait susciter un soulagement général et démontrer une forme de courage chez le président démocrate, après tant de morts et de gaspillage de fonds. Pourtant, il se conclut de façon humiliante. La première puissance militaire du monde s’échappe par un soupirail, tête basse, redoutant jusqu’à l’ultime seconde un nouvel attentat, après celui qui a emporté treize soldats, le 26 août, ainsi que 180 Afghans.
Joe Biden doit s’adresser mardi à ses concitoyens pour expliquer ces deux décennies d’engagement en Afghanistan et sa décision de « ne pas prolonger la présence américaine au-delà du 31 août ». Le président américain a maintes fois justifié le retrait par son refus de faire perdurer plus longtemps cette guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique. Au total, les États-Unis déplorent 2 350 morts et un coût financier évalué à 2 300 milliards de dollars par la Brown University.
Par Emma Forton