Un enfant de 12 ans est décédé, en Inde, à cause du virus Nipah, dimanche 5 septembre. Il provoque une maladie qui peut être dangereuse, contre laquelle il n’existe aucun traitement ni vaccin. En contact avec 188 personnes, les autorités sanitaires indiennes craignent une « potentielle épidémie » et cherchent à la contenir.
Le 3 septembre dernier, un garçon âgé de 12 ans présente des symptômes d’encéphalite (infection du cerveau) et de myocardite (inflammation du muscle cardiaque myocarde), ce qui conduit à son hospitalisation. Les médecins soupçonnent rapidement une infection au virus Nipah. L’état du garçon s’est très vite détérioré et il est décédé 48h après son admission, le 5 septembre. L’échantillon prélevé sur l’enfant est revenu positif au virus Nipah, à l’issue de son analyse par l’institut national de virologie, comme le rapporte CBS.
L’État du Kerala placé en alerte
Depuis les faits, l’État du Kerala (sud du pays), est « en alerte », le but étant de contenir une « potentielle épidémie » du virus Nipah, indique l’agence de presse Associated Press. Des mesures similaires à celles destinées à lutter contre le Covid-19 sont donc en place : traçage des cas-contacts, mesure d’isolement etc.
Le virus n’a fait pour le moment qu’une seule victime connue mais la prudence est à son plus haut niveau. En effet, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), d’un taux de mortalité supérieur à 70 %, ce virus est un agent infectieux émergent susceptible de déclencher des épidémies sévères dans l’avenir s’il venait à évoluer pour gagner en transmissibilité, rappel Midi-Libre.
Cette situation a conduit l’OMS à faire de ce virus une priorité de recherche dans le but de prévenir les crises sanitaires, comme le rapporte l’Institut Pasteur.
La ministre de la Santé de l’État du Kerala, Veena George a cependant expliqué que « pour le moment, il n’y a pas de raison de paniquer. Mais nous devons faire preuve de prudence », selon India Today.
Comme l’a déclaré dans un tweet Mansukh Mandaviya, Ministre de la Santé et du Bien-être familial, « Nous avons décidé de former des équipes pour gérer la situation. La recherche des contacts et d’autres mesures ont déjà été lancées. Nous avons affecté des agents spéciaux ».
Deux autres cas détectés
Après le décès du garçon, deux agents de santé ont été identifiés avec des symptômes d’infection par le virus Nipah, comme l’a précisé le gouvernement indien. Ceux-ci feraient partis des vingt cas contacts à haut risque du garçon décédé, sur un total de 188 personnes avec lesquelles il est entré en contact.
Le virus Nipah, de l’animal aux humains
Le virus Nipah (NiV) se transmet de l’animal aux humains. Les « hôtes naturels » de ce virus sont des chauves-souris frugivores qui se nourrissent de fruits. Des flambées d’infections ont également été constatées chez d’autres animaux comme les porcs, les chevaux, les chèvres, les moutons, les chats ou encore les chiens. C’est ce que l’on appelle un virus zoonotique, explique l’OMS. Mais il peut également se transmettre d’une personne à une autre.
En Malaisie ou à Singapour, pays où se sont déroulées les premières flambées d’infections, la majorité de ces dernières chez les habitants étaient liées à un contact direct entre les personnes contaminées et des porcs malades.
Lors des infections survenues au Bangladesh ou en Inde, « la source la plus probable d’infection était la consommation de fruits ou de produits dérivés contaminés par de l’urine ou de la salive de chauves-souris infectées » comme le jus de dattier, indique l’OMS selon La Dépêche.
Entre humains, le virus se propage d’une personne à une autre « par contact proche avec les sécrétions ou excrétions de personnes infectées », ou dans des établissements de santé. Mais l’OMS, précise que le virus est « moins contagieux » que le Covid-19, souligne le quotidien américain The Washington Post. Cependant en cas d’infection, le virus peut entraîner la mort, ce qui a été le cas pour le garçon de 12 ans.
Les personnes infectées peuvent ne pas avoir de symptômes mais dans le cas inverse, il peut s’agir de fièvre, toux, migraine, vomissements et problèmes respiratoires entre 4 et 14 jours après avoir été exposé. En cas de difficultés respiratoires aiguës ou d’encéphalite, l’infection est mortelle.
Des infections au virus déjà observées
Le virus a été identifié pour la première fois en Malaisie, en 1999, après une multiplication des cas dans des élevages de porcs qui ont ainsi dû être abattus pour endiguer l’épidémie. Plus de 300 personnes ont été infectées et plus d’une centaine sont décédées.
Au Bangladesh, « des flambées se produisent presque chaque année depuis 2001 », selon Ouest-France. L’Inde a aussi été touchée : en 2018, 17 personnes étaient décédées des suites du virus dans ce même État du Kerala, indiquait alors l’OMS.
Mais ce ne sont pas les seules régions qui pourraient être concernées, avertissent les autorités sanitaires mondiales : des « signes sérologiques d’infection » ont été « mis en évidence » parmi d’autres espèces de chauves-souris qui vivent au Cambodge, au Ghana, en Indonésie, à Madagascar, aux Philippines ou encore en Thaïlande.
Aucun vaccin ni traitement
Compte tenu du danger biologique qu’il représente, le virus Nipah ne peut être manipulé que dans un laboratoire P4 qui abrite des micro-organismes très pathogènes.
Il n’existe actuellement ni vaccin ni traitement permettant de lutter contre le virus Nipah. Selon l’OMS, le taux de létalité est estimé entre 40 à 75 % et environ 20 % des patients qui guérissent du virus gardent des séquelles neurologiques, tels des troubles convulsifs ou des altérations de la personnalité.
Un seul levier peut donc être actionné pour tenter de limiter les infections : la prévention. Il s’agit, par exemple, de limiter l’accès des chauves-souris aux denrées alimentaires fraîches, ou encore de laver et de peler soigneusement les fruits tout en jetant ceux qui ont été en partie mangés par des chauves-souris, recommande l’OMS.
Concernant les transmissions entre humains, « il convient d’éviter tout contact physique proche non protégé avec des personnes infectées par le virus Nipah et de se laver régulièrement les mains après avoir dispensé des soins ou rendu visite à des personnes malades », note l’institution, toujours selon Ouest-France.
Par Emma Forton