Un décret publié “avant la fin de l’année” reconnaîtra le cancer de la prostate comme une maladie professionnelle dûe au chlordécone, déclare Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, ce dimanche 28 novembre.
C’est à l’antenne de France 3, lors de l’émission “Dimanche en politique”, que M. Denormandie, actuel ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, l’a annoncé : le gouvernement acceptera la requête « légitime (…) des professionnels que le cancer de la prostate puisse être reconnu comme une maladie professionnelle liée à l’utilisation des produits, et notamment du chlordécone » .
Si aucune date n’a encore été annoncée, le ministre s’est également engagé à ce que le décret soit mis en œuvre très prochainement.
Une réponse à la crise qui traverse actuellement les Antilles
Face à l’ampleur de la crise sociale en Guadeloupe et en Martinique, Julien Denormandie et Sébastien Lecornu, actuel ministre de l’Outre-mer, auraient ainsi fait en sorte d’accélérer le processus afin que ce décret puisse être publié au cours du mois qui vient. Il s’inscrira ainsi dans le cadre du quatrième plan chlordécone, datant de 2020 et ayant pour objectif de lutter contre les effets à long terme de l’insecticide.
Le ministère a également ajouté qu’il prévoit d’indemniser les agriculteurs victimes de la toxicité du produit, par le biais d’un fonds consacré aux victimes de maladies professionnelles liées à l’utilisation de pesticides, selon FranceInfo.
Si l’on peut considérer cette décision comme une nouvelle réponse aux revendications du peuple antillais, Julien Denormandie reste toutefois bien conscient que cette grève générale reste multifactorielle.
Antilles et chlordécone : un scandale aux graves conséquences
Pour rappel, le chlordécone est un dangereux insecticide interdit depuis 1976 aux États-Unis, et sur le territoire français depuis 1990. Son utilisation a pourtant continué à être autorisée dans les champs de bananes aux Antilles jusqu’en 1993, causant d’immenses problèmes d’ordre sanitaire. Les sols, ainsi que les nappes souterraines, de ces îles sont notamment pollués pour plusieurs siècles. Des études de l’INSERM ont montré une rapport significatif entre l’exposition au pesticide, l’apparition de cancers de la prostates et les risques accrus de naissances prématurées.
Les taux d’incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe et en Martinique sont parmi les plus élevés au monde. Selon Santé Publique France, plus de 90% des adultes de ces deux départements sont contaminés par le chlordécone.
Par Chrisley Destin