Les soldats russes sont arrivés au Mali

Un hélicoptère militaire / Pixabay

Les rumeurs se sont accentuées ces derniers jours sur l’envoie des mercenaires russes de Wagner au Mali, où règne une insécurité galopante, laissant place à la suspense. Des sources confirment déjà l’arrivée d’une première vague de 500 paramilitaires, ce vendredi, alors que plusieurs pays ont condamné cette nouvelle forme de coopération dans un communiqué.


Le déploiement des mercenaires russes au pays de Soundjata Keita semble de plus en plus se concrétiser alors que la zone de la bande Sahélo Sahélienne (Mali-Niger-Burkina…) vit dans l’insécurité totale, où des bandits, des narcotrafiquants et des extrémistes radicaux opèrent en toute tranquillité.

Le Parisien a confirmé l’arrivée d’une première vague des militaires russes à l’aéroport international Modibo Keita, ce vendredi

« Les miliciens russes ont fait leur entrée au Mali », précisent ainsi nos confrères. L’agence Anadolu indique que : « des sources sécuritaires, ont informé de la présence de 500 paramilitaires russes à Bamako, depuis jeudi. ». Quelques médias sur place préviennent que ces soldats seront répartis dans 10 localités différentes, dans le nord.

15 pays européens en plus du Canada, ont condamné fermement le déploiement de la société militaire, proche du Kremlin, dans ce pays d’Afrique, via un communiqué signé le 23 décembre.

Les signataires du communiqué sont l’Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Estonie, la France, l’Italie, la Lituanie, la Norvège, les Pays Bas, le Portugal, la Roumanie, la République Tchèque, le Royaume-Uni et la Suède. Ils soulignent avoir pris connaissance « de l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali » et appellent « la Russie à adopter un comportement responsable et constructif dans la région ».

Insécurité grandissante et nouvelle stratégie

Plusieurs milliers de personnes sont assassinées ou exécutées sommairement chaque année dans ses contrées, dont la grande majorité sont des civils. Les statistiques de l’année 2019 ont noté que plus de 4 milles personnes sont tuées par des terroristes et dans des conflits inter-communautaires. Trente paisibles citoyens ont trouvé la mort dans des conditions atroces lors d’une attaque perpétrée le 3 novembre au Mali. Des drames meurtriers répétitifs qui poussent les forces conjointes sur place, dont des troupes mandatées par l’ONU, comme la MINUSMA, et les troupes sécuritaires du G5 Sahel, à garantir le maintien de la paix, la stabilité et l’intégrité du territoire. 

Le Premier ministre malien a accusé la France, qui avait annoncé vouloir retirer ses troupes juste après, de l’avoir abandonné en plein vol, lors de son discours tenu devant la tribune des Nations Unies, en août dernier. Ce dernier a indiqué qu’au vu de l’annonce du départ de la force Barkhane, les autorités ont engagé une réflexion sur un éventuel plan B pour pouvoir rétablir l’autorité et la souveraineté de l’État. « Vous savez après le changement du 18 août 2020 sinon bien avant, il y a des partenaires qui ont décidé de quitter pour se replier sur d’autres pays. Il y a des zones qui sont abandonnées et qu’il faut occuper aujourd’hui pour ne pas laisser la place au vide. », a précisé le chef du gouvernement Choguel Maiga.

La base de l’armée française maintenue

L’opération Barkhane, mise en place depuis 2013 dans le cadre de la lutte anti-terroriste, fait face à une contestation accrue actuellement. Les populations locales et surtout la jeunesse, soutenue par  la société civile, critiquent avec véhémence et mettent en question son efficacité. Rappelons qu’un convoie de l’armée française a été bloqué, fin novembre, par des manifestants au Burkina et au Niger, demandant le retrait de leurs bases de la sous-région. Trois jeunes nigériens ont succombé,à la suite  des tirs à balles réelles, lors d’une de ces manifestations.  

Lors du Sommet de Montpellier tenu le 08 octobre 2021 à l’initiative de l’Exécutif, quelques activistes africains ont interpellé le président Macron dans leurs interventions. L’activiste malienne Adam Dicko a affirmé: « Arrêtez de dire que vous êtes venus nous aider, parceque le terrorisme ne menace pas que l’Afrique, vous êtes aussi menacés, arrêtez de nous culpabiliser…Vous êtes au Sahel pour corriger l’erreur que vous avez commise en Libye et vous êtes en train de commettre d’autres erreurs », après qu’Emmanuel Macron ait reconnu le non respect de la souveraineté du peuple libyen. Cheikh Fall du Sénégal quant à lui, a demandé au président « le retrait progressif et définitif des forces armées françaises et de cesser d’apporter son soutien aux dictateurs africains qui confisquent le pouvoir » , lors du même sommet.

Les seize signataires disent ne pas renoncer

Ils ont averti qu’ils ne renonceront pas à leurs « efforts pour répondre aux besoins de la population malienne » et réaffirment leur volonté « de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme en appuyant le développement durable, le respect des droits de l’homme et le déploiement des services publics ». Aussi, ces Nations regrettent la décision des autorités de transition malienne d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien.

Aucun communiqué officiel du gouvernement malien ne confirme la présence du groupe Wagner pour le moment. La CEDEAO, Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ne s’est pas encore exprimée non plus. 

Par Abdraman Abakar

La Rédaction: