Le CBD ne sera finalement pas estampillé « nouvel aliment »

Illustration d'huile de CBD / Pixabay

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a suspendu le processus d’évaluation du cannabidiol (CBD) en vue de lui attribuer le statut de « Nouvel Aliment).


L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) porte un coup dur au CBD

Contre toute attente, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a suspendu le processus d’évaluation du cannabidiol (CBD) en vue de lui attribuer le statut de « nouvel aliment ». Retour sur une décision qui risque de susciter l’ire des professionnels de la filière.

Le CBD sera-t-il un jour reconnu comme un « Nouvel Aliment » ?

Les professionnels de la filière du cannabidiol (CBD) attendait impatiemment une décision favorable de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Ils devront encore attendre des mois, voir des années. En effet, l’agence européenne vient d’annoncer la suspension du processus d’attribution du statut de « Nouvel Aliment » (ou Novel Food) au cannabidiol.

Ce graal accordé aux aliments qui n’étaient pas consommés dans les pays de l’Union Européenne avant 1997 aurait pu sécuriser le marché du CBD sur le plan juridique et permettre aux professionnels de disposer d’une belle visibilité et répondre à la demande massive.

En France, le cannabidiol à moins de 0,2 % de THC est autorisé à la consommation… mais son statut est provisoire. Les professionnels attendent en effet une décision définitive de la part du Conseil d’Etat. Aucune date n’a été annoncée, et la filière navigue à vue, sous la menace d’une interdiction. Ce manque de visibilité pousse les professionnels à geler tout plan d’investissement, que ce soit pour l’ouverture de nouveaux magasins, l’approvisionnement sur la durée ou encore l’innovation produit.

Aussi, les banques rechignent à financer les produits en lien avec le CBD pour des raisons évidentes, ce qui pousse les entrepreneurs à solliciter des prêts auprès de banques étrangères avec des taux peu avantageux et des frais élevés.

Le statut « Nouvel Aliment » aurait scellé le sort du CBD, puisque les aliments estampillés par l’EFSA sont quasiment impossibles à interdire dans les pays membres de l’Union Européenne selon le principe de libre circulation des marchandises.

La décision de l’EFSA casse la dynamique positive de la filière

En 2018, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) avait statué en faveur de la légalisation des produits de cannabidiol dont la concentration en THC ne dépasse pas les 0,3 %, gage d’absence de tout effet psychoactif. En janvier 2022, le Conseil d’Etat a provisoirement suspendu l’interdiction ministérielle qui portait sur la commercialisation des fleurs et feuilles de cannabidiol. Pour dire les choses clairement, la filière du cannabidiol commençait à voir le bout du tunnel juridique.

La décision de l’EFSA de suspendre le processus d’évaluation du CBD en vue de lui octroyer le statut de « Nouvel Aliment » est donc un camouflet inattendu. L’agence européenne chargée de l’évaluation des risques des denrées alimentaires commercialisées dans les pays de l’UE a motivé sa décision par « le manque de données fiables et pertinentes sur l’absence de nocivité du cannabidiol ».

En France, le cannabidiol a trouvé son public

Après avoir longtemps souffert d’une image sulfureuse, sans doute à cause de sa filiation avec la plante Cannabis L. Sativa, le cannabidiol est aujourd’hui la star incontestée des produits de bien-être. Selon les chiffres de l’Interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre) relayés par nos confrères de LSA Conso, la France compterait près de 7 millions de consommateurs de cette molécule non psychotrope et non addictive. On peut désormais acheter du CBD français un peu partout :

  • L’Hexagone compte désormais plus de 2 500 magasins spécialisés proposant du CBD, contre environ 500 il y a à peine deux ans ;
  • De nombreuses boutiques en ligne proposent un service de livraison à domicile sur une large gamme de produits de cannabidiol partout en France (huiles, fleurs, feuilles, résines, chocolat, cookies, boissons énergisantes, liquides de vapotage, capsules, etc.) ;
  • Des grandes surfaces comme Monoprix, Carrefour et E. Leclerc proposent désormais des produits de cannabidiol aux rayons « beauté » et « parapharmacie » ;
  • Même le secteur de la Restauration Hors Domicile s’est approprié la molécule, l’utilisant comme ingrédient dans les plats du quotidien.

Connu pour ses propriétés relaxantes, apaisantes, anti-inflammatoires et antalgiques, le CBD suscite également l’intérêt de la communauté scientifique.

Le ministère de la Santé et des Solidarités a lancé une grande expérimentation médicale en mars 2021 pour évaluer le potentiel thérapeutique du cannabidiol dans les indications définies par l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé. Il s’agit notamment de la douleur associée à certains cancers, des symptômes rebelles en oncologie, des neuropathies qui résistent aux traitements disponibles et de la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques.

La Rédaction: