C’est au Leopold Museum de Vienne qu’ils ont cette fois choisi de frapper. Des militants écologistes du groupe Letze Generation Österreich (Dernière génération – Autriche) ont aspergé d’un liquide noir et visqueux le tableau La vie et la mort de Klimt, avant que l’un des acteurs ne colle sa main à la vitre protectrice de l’oeuvre.
L’heure et le lieu, une condamnation d’un géant pétrolier
Les actions du militantisme écolo ciblant les grandes oeuvres de la peinture mondiale se répètent depuis quelques mois partout en Europe. Dernière en date, la Jeune fille à la perle de Vermeer à La Haye, le 27 octobre, par deux activistes du groupe Just stop Oil.
Mais cette fois-ci, les jeunes activistes de Dernière génération ont choisi un timing symbolique : mardi dernier, ils sont entrés au Leopold Museum à l’occasion d’une journée portes ouvertes patronnée par le groupe autrichien OMV, pétrolier bien connu. Quoi de mieux que de lancer un liquide semblable au pétrole pour contester la politique économique du géant national de l’or noir ?
Des revendications climatiques en toile de fond
Si la ministre de l’écologie autrichienne compatit avec le « désespoir » des jeunes angoissés climatiques, dans un communiqué à l’AFP, elle alerte face aux risques de dommages irrécupérables que pourraient subir les oeuvres lors de tels événements.
Et pour cause : Klaus Pokorny, porte-parole du musée, avait signalé à l’AFP mardi qu’on ne savait pas encore si l’oeuvre sous sa vitre avait été touchée. Nouvelle rassurante : les restaurateurs ont finalement expliqué hier que l’oeuvre n’avait pas été abîmée.
Comment expliquer les actions « coup de poing » contre le patrimoine ?
Même si aucune oeuvre n’a pour le moment subi de dégât irréversible, les actions contre le patrimoine se multiplient ces derniers temps… afin d’alerter sur l’urgence climatique. Alors quel est le lien ?
Il faut sans doute regarder du côté des grands mécènes qui permettent aux musées de fonctionner, entreprises et grosses fortunes souvent liées au monde de la surconsommation et des énergies fossiles. Et peut-être s’interroger sur le clivage entre patrimoine culturel et patrimoine naturel mis en scène par ces jeunes écologistes désireux de redonner le primat au second. Si la technique ne vise pas à détruire les biens culturels ni même à les altérer, le but « coup de poing » est atteint par deux biais : la projection d’un liquide sur vitre protectrice, et le fait de se coller à l’oeuvre.
Réveil de l’opinion – pour ou contre – garanti par le choc du procédé.
Marie Cambas