Connaissez-vous la Voie Appia, trésor de la maîtrise d’oeuvre romaine que les touristes sillonnent une glace à la main sous l’ombre bénéfique des pins parasols chaque été ?
La voie appienne n’est pas seulement un décor d’une beauté saisissante, encadré de ruines et de végétation. Elle était l’un des axes de circulation principaux de la Rome antique, la « Regina viarum » (la reine des voyages), reliant la capitale au sud de la péninsule, passant par la Campanie (région de Pompéi et d’Herculanum), la Basilicate et les Pouilles.
Plus de 500 kilomètres en tout de route largement pavée pour faciliter le transport à cheval des marchands et des troupes, un travail colossal initié en 312 av. J-c par le consul romain Appius Claudius Caecus, qui lui a donné son nom. L’Appia est chef-d’oeuvre d’urbanisme comprenant des trottoirs, des systèmes d’évacuation des eaux et des bornes qui a résisté au temps et que l’Italie voudrait aujourd’hui placer sous la protection de l’UNESCO.
Un complexe majestueux qui traverse les âges
Autour de la Via Appia, c’est toute l’antiquité qui s’offre au regard. On y visite des villas romaines, des catacombes comme celles de Saint Calixte ou de Saint Sébastien, et des mausolées, comme celui de Cecilia Metella (Ier siècle av. J-C), fille d’un consul partie trop jeune. On y aperçoit même des morceaux d’aqueduc fièrement dressés qui nous rappellent les ingénieux systèmes d’approvisionnement créés par les romains.
À cette poésie de ruines grandioses et d’herbes sèches se mêle la vie de la Rome médiévale et baroque, dans une alternance de basiliques, de cryptes et d’oeuvres d’art sacré de haut vol comme le buste du Christ Sauveur sculpté par les soins du Bernin (église Saint Sébastien). La Voie Appia traverse les âges, et parmi les beautés qui la jalonnent on trouve aussi des villas modernes de riches et célèbres propriétaires, à commencer par l’actrice Gina Lollobrigida, disparue le le 16 janvier dernier. En un regard, c’est l’histoire de Rome toute entière qui se dessine sur les bords de l’Appienne, celle d’hier et d’aujourd’hui.
Un point de départ pour l’Orient
En juillet 2022, après plus de deux ans de travail, les chercheurs ont mis au jour le probable point de départ de la Voie Appia, au coeur des thermes de Caracalla. « Nous avons trouvé les tabernacles, qui constituaient l’entrée monumentale, avec les marches de l’ensemble thermique, du début du IIIe siècle, lorsque les Thermes de Caracalla ont été construits » explique à l’AFP Mirella Serlonzi, directrice du lieu et archéologue en charge du chantier. Ainsi, le circuit partait des thermes pour rejoindre le port de Brindisi, dans les Pouilles. De là, les marchands et les militaires s’embarquaient pour l’Orient et la Grèce, ramenant plus tard des trésors exotiques sur l’Appia, qui, comme tous les chemins, on le sait bien, mène à Rome.
Déjà soumis en 2006 par l’Italie, le dossier de la Via Appia s’est étoffé grâce à ces découvertes récentes ; des avancées qui laissent présager d’un dénouement favorable au classement de la première et de la plus spectaculaire des voies romaines au titre de patrimoine mondial de l’UNESCO.