Si elle est connue dans le monde entier pour, son visage de poupée et sa longue tresse blonde traditionnelle, on sait aussi de Ioulia Timochenko, qu’elle est avant tout une femme redoutable, une grande dame d’une ténacité incroyable, dont la personnalité à fait couler beaucoup d’encre.
Aujourd’hui âgée de 53 ans, elle s’est fait connaître en devenant égérie de la Révolution orange Pro-occidentale qui bouleversait le pays, arborant fièrement sa longue tresse blonde. Elle menait à l’époque les foules contre le Premier ministre , également candidat à la présidentielle et soutenu par Moscou, Viktor Ianoukovitch.
La coalition «orange» qu’elle formait à ce moment avec Viktor Iouchtchenko l’avait emporté, soutenue par les Occidentaux, réglant ainsi la question de la Russie de Vladimir Poutine. Cette alliance s’était dénouée avec le temps et Ioulia Timochenko avait quitté le gouvernement, pour en reprendre finalement la tête de 2007 à 2010 Mais en 2010, Viktor Ianoukovitch l’emporte et c’est le début des ennuis pour elle.
En 2011, elle est condamnée à sept ans de prison pour avoir signé en son statut de chef d’Etat, un accord gazier avec la Russie à des conditions jugées défavorables à son pays. Elle est également soupçonnée de complicité dans le meurtre d’un député. Elle conteste ces condamnations et accuse le pouvoir de se venger en la poussant en dehors du décor politique, .
Son incarcération et sa condamnation ont été très controversées partout dans le monde. C’est ce qui a amorcé la dégradation des relations entre l’Ukraine et les Occidentaux. Ces derniers réclamaient alors la libération de l’opposante, mais Ianoukovitch n’avait pas cédé
Si elle est l’emblème d’une idéologie, élégante et rompue aux techniques de communication, et qu’elle suivie et admirée par beaucoup, d’autres la qualifient d’opportuniste et de manipulatrice en s’appliquant à mettre en avant les « éléments troubles » dans son parcours, et mettent en garde sur le fait que son retour n’a pas forcement que du bon pour l’opposition qui s’était rassemblée jusque là derrière trois leaders, que craignent-ils, cette nouvelle figure risque d’éclipser.
Depuis l’annonce de sa libération plus tôt dans la journée, on attendait la grande dame de pied ferme à Kiev. Tout avait été soigneusement mis en place par les organisateurs du mouvement de Maïden pour son arrivée. Les manifestants tenaient des lampions aux couleurs de l’Ukraine, parmi eux, des femmes brandissaient son portrait.
C’est pourtant chétive, fragile, affaiblie et assise dans un fauteuil roulant que l’opposante Ioulia Timochenko a fait son retour samedi soir, à Kiev. Pleine d’émotion, elle a salué les manifestants présents les qualifiant de «héros de l’Ukraine», et s’est excusée auprès d’eux, au nom de toute la classe politique, pour le «sang versé au pays». En s’adressant à la foule, elle a prié les manifestants de continuer leur combat. «Vous n’avez pas droit de quitter Maïdan tant que notre œuvre commune n’est pas terminée. C’est vous qui avez changé notre pays, pas les hommes politiques ni l’étranger (…) Vous avez offert ce pays (…) Quand je suis arrivée à Kiev, je voulais me rendre sur les barricades pour toucher ces pierres et comprendre ce que ces gens avaient ressenti. Ceux qui y sont restés seront nos héros pour l’éternité et nous nous inspirerons de ce qu’ils ont fait», a-t-elle déclaré la voix tremblante.
Un samedi soir, donc, riche en émotions sur la place Maïden…