Les bureaux de vote ont ouvert ce matin à 8h (6h à Paris) et fermeront à 20h ce soir en Crimée, péninsule autonome de l’Ukraine, en proie a de violentes contestations depuis de nombreuses semaines. Si le quotidien 20 minutes a rapporté dans la soirée que 93% des électeurs avaient voté en faveur d’un rattachement à la Russie, on attend les résultats officiels qui seront révélés lundi ou mardi.
Les électeurs (au nombre de 1,5 million) avaient le choix entre de positions : « Etes-vous pour la réunification de la Crimée avec la Russie dans le cadre de la Fédération de Russie? » ou « Etes-vous favorable au rétablissement de la Constitution de 1992 et au statut de la Crimée en tant que partie intégrante de l’Ukraine? ». La question « Souhaiteriez-vous que le statut actuel de la Crimée soit maintenu? », elle, ne figurait pas sur la liste des options soumises.
La Crimée, contrôlée par les autorités pro-russes, qui refusent de reconnaître la destitution de Viktor Ianoukovitch, donc le nouveau gouvernement provisoire établit à Kiev, avait déjà commencé à se prononcer sur son rattachement à la Russie et ainsi organisé ce référendum afin entériner la prise de contrôle par la Russie de la péninsule . Cette décision avait été rejeté par Kiev et les Occidentaux, qui y dénoncent une consultation illégitime, craignant surtout un « oui », qui aurait des conséquences absolument désastreuses sur leurs relations avec Moscou.
Devant un bureau de vote de la capitale régionale, Simféropol, il y avait déjà foule en début de matinée.
D’après les témoins interrogés sur place par un correspondant de Reuters, la majorité des habitants de la péninsule semblent souhaiter se rattacher à Moscou, attirés par la perspective de meilleurs salaires et du soutien d’un pays influent sur la scène internationale.
Les Tatars de Crimée, de leur côté ont choisis de boycotter le référendum. Les musulmans sunnites d’origine turque qui constituent 12% de la population, soutiennent l’unification de l’Ukraine, en dépit des promesses des autorités de Simféropol de leur accorder une aide financière et de nouveaux droits fonciers.
Si l’armée russe se défend d’occuper la région, préférant prétendre que les forces armées présentes en Crimée sont des « milices d’autodéfense » , la situation semblait calme dimanche matin, mais il faut bien dire que les hommes armés, et cagoulés ne manquent pas à chaque coin de rue.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a réitéré samedi lors d’une conversation téléphonique avec son homologue américain John Kerry, la position de Moscou selon laquelle le référendum « respecte les lois internationales et la Charte des Nations unies ». Le pays s’est d’ailleurs opposé samedi lors d’un Conseil de sécurité de l’Onu à un projet de résolution américain qui visait à déclarer « invalide » le résultat du référendum.
Les réactions des diplomates se sont faites vives. Bruxelles comme Washington ont réaffirmé qu’ils jugeaient « illégal et illégitime » ce référendum, qui est « contraire à la Constitution ukrainienne et aux lois internationales », selon les présidents du Conseil européen et de la Commission, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso. Si Londres s’était jusqu’alors tenu un peu en retrait du conflit, le chef de la diplomatie, William Hague a également pensé qu’il était l’heure de prendre « des mesures de restriction plus sévères » pour l’UE.
Aucune information officielle ne sera dévoilée avant la réunion de lundi sur la liste des personnes visées, toutefois l’AFP, selon une source européenne, rapporte que cette dernière pourrait comprendre de « 25 à 30 noms »
L’AFP relate que des responsables pro-russes de Crimée devraient être également inquiétés. Il serait cependant exclu que figurent sur cette la liste des membres du gouvernement russe pour le moment car il « serait difficile » de sanctionner des personnes avec lesquelles on essaie de négocier une solution politique.
Dans le cas où la crise s’envenimerait d’avantage, l’UE envisage de lancer une nouvelle offensive, une nouvelle déferlante de sanctions, jugées plus dommageables pour Moscou car portées sur les relations économiques et commerciales. Les dirigeants des 28 auront l’occasion de s’entretenir à ce sujet lors du sommet européen prévu à Bruxelles jeudi et vendredi.
Les milieux économiques, sont inquiets des conséquences financières que pourraient engendrer de telles sanctions, rappelant au passage le risque de compromettre les relations la Russie, troisième partenaire économique de l’UE.
Le Premier ministre bulgare, Plamen Orecharski, s’est également montré frileux sur le sujet, notant que plusieurs pays de l’Europe de l’est, dont le sien, « seraient les plus grands perdants » en cas de sanctions. (La Bulgarie dépend en effet très largement de livraisons de gaz russe transitant par l’Ukraine pour son approvisionnement énergétique)
Pendant ce temps là, à la frontière orientale de la Crimée, les soviétiques poussent plus loin leurs offensives puisque l’armée ukrainienne a dit avoir repoussé samedi une tentative d’infiltration des forces russes. Un « réel danger » d’invasion par la Russie existe, a rappelé Olexander Tourtchinov, dans cette région dont un grand nombre de résidents sont russophones.
Après avoir suspendu des négociations sur les visas avec Moscou, l’Union européenne doit annoncer demain quelles seront les sanctions mises en place contre la liste d’individus dévoilée il y a une dizaine de jours par tous les pays engagés dans cette lutte contre une nouvelle Guerre Froide. Leur avoir doivent être gelés et il ne pouront plus se déplacer dans L’UE. Les Etats-Unis devraient suivre le mouvement et appliquer le même type de sanctions.
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