Plus de 200 ouvriers du textile ont été hospitalisés cette semaine au Cambodge après des évanouissements collectifs.
Jeudi 3 avril, au moins 118 travailleurs sont tombés dans les pommes dans deux usines fournissant les marques Adidas et Puma. Khim Sunsoda, vice-gouverneur du district de Pur Senchey où se situent les usines a déclaré :
« selon notre enquête, le problème vient d’une intoxication alimentaire avec la nourriture fournie par l’usine. »
Il a également précisé que les ouvriers sont arrivés à l’hôpital avec des diarrhées et des vomissements mais que leurs jours n’étaient pas en danger. Il met en cause la mauvaise qualité de l’air dans l’atelier.
Dans une autre usine, il est arrivé la même mésaventure à 61 ouvriers. Et dans une autre encore, plus de 50 ouvriers se sont évanouis après la pulvérisation d’insecticide.
D’un interlocuteur à l’autre les raisons divergent : exposition à des vapeurs toxiques, intoxication alimentaire ou encore déshydratation.
Les syndicats du pays se battent depuis longtemps la sous-alimentation ou le surmenage responsables des évanouissements. Joël Preston, membre d’une organisation œuvrant pour le droit des travailleurs (CLEC) raconte :
« les vagues d’évanouissements ont commencé, je pense en 2010, année où plusieurs milliers d’ouvriers ont été affectés. Cela s’est poursuivi à un rythme d’environ 2000 cas par an. Ce que nous savons depuis longtemps, c’est que ce phénomène est directement lié au salaire. Les rapports rédigés sur ce sujet par l’Organisation international du travail confirment clairement le lien existant entre salaires, malnutrition et évanouissements de masse. Ce que le gouvernement refuse d’admettre jusque là. »
Il rappelle aussi que les ouvriers sont soumis à un stress constant, ils ne savent pas comment ils vont pouvoir nourrir leurs familles, faire soigner leurs enfants. Les ONG affirme qu’il est nécessaire de multiplier les inspections des conditions de travail dans les usines.
Au Cambodge, le secteur du textile emploi 650 000 personnes dont 400 000 au moins au sein de sous-traitants de grandes marques internationales. Ces entreprises sont vitales à l’économie cambodgienne.
Les incidents viennent ternir cette industrie-clé qui a été dernièrement secouée par d’importantes grèves. D’ailleurs la nouvelle n’a pas fait les gros titres de la presse locale.
Au début de l’année, les travailleurs ont manifesté leur mécontentement, ils réclamaient le doublement du salaire minimum qui est actuellement de 80 dollars par mois.
Les bas salaires peuvent pousser les ouvriers à faire des heures supplémentaires même s’ils se fatiguent et se rendent vulnérables quand ils sont exposés à une mauvaise aération ou à l’inhalation de substances chimiques dans les usines.
Le gouvernement du pays a répondu en tirant à balle réelle sur les manifestants causant la mort d’au moins 4 personnes. Une dizaine de personnes auraient été gravement blessés, selon les associations de défense des droits de l’homme.
L’opposition soutient les manifestants et critique l’intervention musclée des forces de l’ordre comme une tentative inacceptable de casser un mouvement démocratique naissant.
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